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Mission : rassembler…

11 mai 2010, 11:05

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Personne ne conteste que l’Alliance de l’avenir ait obtenu une belle victoire. Une victoire sans appel, même si ses détracteurs peuvent chipoter sur les différents pourcentages obtenus, leur traduction en termes d’élus, le rôle de la MBC et l’injustice d’un système électoral assorti du concept de «best loser» dont la nomination de Michael Sik Yuen en fait une brillante démonstration de perversion. Ceux-là, quand ils étaient au pouvoir, n’avaient pas profité pour procéder de fond en comble à une réforme électorale comme celle de la radio et télévision nationale. Ils s’en mordent les doigts aujourd’hui.

Cette victoire acquise, Navin Ramgoolam procède aux forceps depuis hier à l’accouchement de son nouveau cabinet ministériel. La tâche n’est pas aisée : le bébé de la victoire est obèse. Avec trois composantes et autant d’élus, il sera difficile de satisfaire tout le monde. Dans n’importe quelle autre démocratie, il aurait été facile d’identifier 25 ministres, chacun compétent dans son domaine parmi cette quarantaine d’élus. Mais ici, c’est une autre paire de manche.

La complexité de notre société et la manière dont la campagne s’est déroulée rendent cette tâche extrêmement délicate. Navin Ramgoolam doit tenir en ligne de compte les promesses faites, les exigences de ses partenaires (tout en ne sacrifiant pas ses intérêts), les lobbies de son propre camp, le panachage du jeune avec du vieux et plus particulièrement l’équilibre ethnique et la balance castéiste.

Cet exercice devra témoigner que personne ne sera laissé en bordure de route et surtout illustrer la capacité de rassembler de Navin Ramgoolam pour satisfaire les différents électorats qui lui ont fait confiance. Amédée Darga, l’un des stratèges électoral de l’Alliance de l’avenir, a été le premier à évoquer cette exigence de rassemblement, le jour du dépouillement, à la télévision. Bien qu’il ait défendu bec et ongles Navin Ramgoolam contre ses détracteurs, il a concédé que celui-ci a été victime d’une mauvaise perception d’image qui est susceptible de donner le sentiment de l’exclusion d’un groupe au profit des autres.

Amédée Darga n’a pas manqué de prouver que toutes les composantes de l’électorat ont voté pour l’Alliance de l’avenir, que les mots d’ordre maquillés des uns et des autres n’ont pas été suivis et que Navin Ramgoolam devrait en tenir compte.

Celui-ci, bien qu’ouvert aux suggestions, jusqu’à la proclamation officielle des résultats et la nomination des «best losers», a commencé à manifester des signes d’énervement et d’irritation. Toute hésitation de sa part pour confirmer sa liste risque d’être interprétée comme un signe de fléchissement et de faiblesse d’autant qu’il n’a cessé de répéter que le choix des ministres relève de ses seules prérogatives.

Il paraît évident que Navin Ramgoolam veut boucler cet exercice dans un délai raisonnable car le pays, surtout le monde des affaires, ne peut souffrir inutilement de tractations et de tergiversations. Tôt ou tard, il sera contraint de taper du poing sur la table.