Publicité

Mapping your future, Sir

19 juin 2013, 12:39

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Ne jamais s’acharner sur un homme à terre. Outre la provision de l’alinéa 10(2)(a) de la Constitution qui prévoit que “every person who is charged with a criminal offence shall be presumed to be innocent until he is proved or has pleaded guilty”, sans doute est-ce l’instinct d’humanité qui nous retient de ne pas accabler davantage un homme déjà ramené au ras du sol, si ce n’est plus bas. On évitera surtout de s’appesantir sur l’état pathologique du patient admis à la clinique Darné, à plus forte raison on se dispensera d’en tirer argument.

 

L’affaire est entendue, on ne s’acharnera pas. On ne recherchera aucun tort gratuit à cet homme encore jeune dont l’âge et les réseaux étaient susceptibles de faire cause commune pour lui promettre un très bel avenir, si ce n’est un destin. S’il devait renoncer au pouvoir et à ses privilèges, s’il devait à nouveau se déplacer dans une voiture de Mauricien moyen, sans fonctionnaire de police à ses côtés pour assurer sa sécurité, il faudrait que la société, le voisinage, la rue ne crient pas vengeance contre les multiples abus dont, à tort ou à raison, Varma est devenu le symbole. S’il n’était plus qu’un citoyen ordinaire, atteint dans son corps et peut-être dans son âme, il faudrait s’engager, tant presse que réseaux sociaux, à lui laisser l’espace, le temps et le répit nécessaires, pour cicatriser ses blessures. Ce qui, chacun l’aura compris, n’a rien à voir avec les éventuels comptes qu’il pourrait avoir à rendre à la justice.

 

Nul ne prendra du plaisir à vouloir faire du tort à un homme. Reste qu’il faudra aller jusqu’au bout de certaines logiques. Le Premier ministre aurait pu déclarer qu’il conseillait à l’Attorney General de démissionner pour la seule durée de l’enquête. Or, le chef de gouvernement n’a pas évoqué de limite temporelle, se contentant de faire comprendre que M. Varma ne pourrait pas continuer à exercer ses fonctions. Reste à se poser une question supplémentaire. On s’apercevra qu’elle ne vise pas la personne mais s’intéresse aux conditions de protection des clients d’un homme de loi. Un homme qui se serait placé en situation de perdre la confiance de la nation pour être le conseiller légal du gouvernement, ce même homme conserve-t-il la présomption de droiture et d’intégrité requise pour exercer le métier d’avocat ? S’il était établi que le gouvernement a eu raison de se séparer de M. Varma, il incombera au Bar Council et à la Cour suprême d’assumer leurs responsabilités.