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Lumière sur la caisse noire

9 novembre 2010, 08:42

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«Il ne suffit pas de rendre la justice, il faut que l’on voit qu’elle est rendue.» Cet adage exprime un principe de droit qui garantit l’apparence de l’égalité devant la loi. Il a été formulé pour la première fois le 9 novembre 1923 par un juge anglais, Lord Hewart. En ce jour anniversaire d’une expression qui rappelle que tout individu doit être traité de la même façon par la loi, il faut souligner combien la demande de Jack Bizlall pour la réouverture du procès Tirvengadum est justifiée.

C’est en décembre 2007 que le procès contre Harry Tirvengadum, un ancien patron d’Air Mauritius, a été suspendu. Les magistrats avaient estimé que sa santé ne lui permettait pas de faire face à un procès. Or, aujourd’hui, alors qu’il est en état de conseiller le directeur général de la compagnie aérienne nationale, la situation est bien différente.

C’est Raj Bungsraz, le n° 1 d’Air Mauritius, qui a informé, par e-mail, ses collègues qu’il a sollicité une audience auprès de l’ancien homme fort de la compagnie pour comprendre «how we have ended up with an organization the way it is today.» Celui-ci l’a reçu, lui a dispensé des conseils et surtout, laisse entendre Raj Bungsraz , lui a dit de manière énergique qu’il est outré de constater «certaines choses» à MK.

Maintenant que Harry Tirvengadum a retrouvé des forces et ses esprits, il est juste de penser qu’il peut répondre des accusations portées contre lui.

Harry Tirvengadum a fait l’objet de poursuites pénales, en 2007, à l’issue d’une enquête concernant le détournement à Air Mauritius d’une somme de Rs 85 millions. Il était accusé d’entente délictueuse au préjudice de la compagnie aérienne nationale, alors qu’il était en fonction entre 1984 et 1996. Cette somme était conservée dans une caisse noire, selon les enquêteurs.

Il faut savoir que la justice s’est déjà prononcée sur la validité de la principale pièce à conviction dans cette affaire. Dans un jugement rendu dans une affaire connexe, les magistrats Benjamin Marie-Joseph, Nicolas Ohsan-Bellepeau et Renuka Devi Dabee avaient conclu que le cash-book de Gérard Tyack «était tenu d’une façon rigoureuse et n’a pu être fabriqué ». Or, ce fameux cash-book de Gérard Tyack, l’ex-directeur financier d’Air Mauritius, est accablant pour diverses personnalités du pays. Les noms de politiciens de tous bords y figurent. Ils doivent trembler à l’idée de se retrouver dans le box des témoins en cas de réouverture du procès Tirvengadum.

Dans quelle mesure Jack Bizlall peut-il amener les autorités judiciaires à rouvrir le dossier ? Un juge de la Cour suprême, connu pour sa probité et son sens aigu de l’équité et de l’égalité faisait remarquer à «l’express», la semaine dernière, que «l’arrêt des procédures résulte de l’incapacité du prévenu à faire face à un procès. Cela ne veut cependant pas dire que c’est une décision permanente, car la santé d’une personne peut évoluer. Dans un tel scénario, le DPP peut ordonner la réouverture du procès contre le prévenu». Amen.