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Looking ahead

3 avril 2013, 09:39

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Quelque part entre imprévision et imprévisible. Entre l’irresponsabilité que les procureurs souhaitent voir punie et la catastrophe naturelle que plaide la défense, sans doute la réalité est-elle plus nuancée, moins résolument manichéenne. Le drame du 30 mars ne peut être imputé à un seul responsable, même pas à une seule alliance de gouvernement, ni aux seuls politiques. Que le fumeur qui n’a jamais jeté un mégot de cigarette dans un caniveau lance la première poubelle…

C’est depuis une trentaine d’années, depuis l’énergique reprise économique du début des années 80, que la nouvelle disponibilité de l’argent a eu pour conséquence un certain nombre de désastres environnementaux. On a construit sur des wetlands, même un projet d’Integrated Resort Scheme, fort heureusement abandonné, devait être implanté sur un marais. On a comblé, obstrué, bétonné ; dans les quartiers, les “développements” n’ont pas toujours obtenu un Environmental Impact Assessment ; malgré le professionnalisme des cabinets d’ingénieurs se livrant à cet exercice, le fait que le promoteur du projet en était le commanditaire a laissé planer parfois quelques soupçons.

Au début de l’industrialisation, les teintureries des usines déversaient des résidus toxiques dans des cours d’eau, ce qui fut fatal pour ce qui subsistait de vie aquatique. Nos rivières qui, dans les années 60, voire 70, servaient encore d’habitat à plusieurs variétés de poissons d’eau douce et d’anguilles ont été pour la plupart asséchées. Au bout du compte, c’est tout notre système hydrique qui a été modifié.

Les événements de samedi dernier nous ont rappelé que l’homme ne peut altérer en 30 ans des équilibres qui ont pris des millions d’années pour s’installer. Sans doute aurait-on pu se passer d’un aussi lourd bilan en vies humaines pour revenir à la raison. Mais c’est bien à elle aussi que nous ramène, impérativement, le réchauffement climatique, la montée des océans et l’enjeu que représente la survie des îles.

Il existe des travaux de recherche, voire des applications peu coûteuses en matière de gestion des nappes phréatiques, de cartographie des drains naturels, de climatisation par les arbres et la verdure. Ce sont aussi des connaissances scientifiques nouvelles et des innovations techniques récentes qui conduisent à ces pratiques. Ce qui nous suggère qu’il n’y a pas que les immeubles en hauteur, les débauches d’enseignes lumineuses et les interminables embouteillages de nos troisièmes voies tracées à la hâte à être modernes.

Il nous reste à commanditer un audit complet de nos chances de survie.