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Les vérités de Reza Issack

3 juin 2013, 08:39

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Il faut reconnaître, à quelques très rares membres du gouvernement, la capacité de retrouver, de temps en temps, leur liberté de pensée, de parole, d’écrits… Et ce, en faisant preuve d’un discernement que ne partage pas forcément leur leader de Premier ministre. La députée Nita Deerpalsing en a fait la démonstration sur sa page Facebook, il y a peu de temps, quand elle qualifiait les propos de Dulthumun «d’incendiaires» et de «n’importe».

 

Depuis le début de cette semaine, ce sont les propos vaillants de Reza Issack que le public retient, tellement les mots prononcés sont en adéquation avec ce que pense une bonne partie de la population : «Il faut réduire le salaire de certaines personnes. Il y a des ministres qui ont vraiment travaillé (…) Mais il y a des ministres qui sont vraiment médiocres. Et leur médiocrité écœure le public», a déclaré cet élu du no 19 sur les ondes de Radio Plus. Pouvait-on être plus clair ? Oui, et Reza Issack l’a été en allant encore plus loin dans l’express d’hier, avec des déclarations clairvoyantes mais, ô combien, défavorables pour certains ministres.

 

Jugez-en vous-même : «Le gouvernement doit se réveiller (…) Si nous continuons à nous enliser dans cette médiocrité, nous allons au-devant d’une situation très difficile.» Ce qu’il pense d’Anil Bachoo, ce qu’il aurait fait s’il était à sa place ? «Je serais resté un homme à l’écoute du public (...) J’aurais écouté la raison des autres et je me serais laissé guider par cela. Je n’aurais pas fait du problème un problème entre la presse et moi. Parce que beaucoup de vérités sont dites dans la presse.» Tout le contraire de l’attitude de Bachoo, quoi ! Que répond-il sur la ministre de l’Egalité des genres ? «Mireille Martin aurait pu mieux gérer les choses (...) C’est aussi très important de reconnaître ses erreurs.» Et vlan !

 

Ses observations sur quelques dirigeants ?  «Bunwaree, Martin et Varma sont très crispés ces derniers temps. Ils semblent mal à l’aise. Peut-être se sentent-ils esseulés au sein du gouvernement comme dans l’opinion publique ? La seule façon de gérer cela est de dire la vérité. La vérité, c’est tout un programme, car elle peut vous faire du tort sur le moment, mais à la longue, elle vous fait du bien (…)» Et voilà les vérités dites ! Et que déclare encore ce courageux Issack ? «Quand on assume une responsabilité ministérielle, l’on doit savoir que cela ne va pas durer éternellement ! Au départ, il faut se dire que l’on est accountable et que l’on n’appartient plus à soi, mais à l’opinion publique (…) Ramgoolam doit remanier son cabinet et donner priorité à la compétence.»

 

Si ce constat surprend, c’est uniquement parce que son auteur est député de la majorité. Et qu’à Maurice, l’on est plutôt habitué, à ce que les membres du gouvernement caressent le Premier ministre dans le sens du poil, nous disent que tout va bien et que l’opposition est responsable de tous les maux du pays. Voyez les conférences de presse de Patrick Assirvaden, les samedis matin ! C’est dire que Reza Issack marque la différence d’avec ses pairs, même si, au fond, il ne fait que confirmer ce que les observateurs politiques et une partie du public (sur les ondes des radios privées, dans les forums, sur les réseaux sociaux) disent depuis quelque temps.

 

Jeudi dernier, un triste anniversaire était célébré. Cela faisait deux mois depuis que les inondations meurtrières avaient coûté la vie à 11 de nos compatriotes. Depuis ? Une enquête confiée au chef inspecteur Hector Tuyau, mais reprise par la CID pour des raisons qu’on ignore, la visite d’experts singapouriens, le départ à la retraite anticipée du directeur de la météo. Puis… rien ! Même scénario pour l’accident de Sorèze. Et ainsi va Maurice, engluée dans ses affaires, ses scandales, ses rapports et ses enquêtes sans fin. De temps en temps, des voix sensées se font entendre. Comme celle de Reza Issack. Sont-elles seulement entendues ?