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Les deux Ile Maurice

8 octobre 2009, 18:55

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Ces derniers temps, toutes les actions et discours de nos dirigeants sont interprétés et analysés en fonction de leurs contenus et connotations sectaires.

Il y a, à différents moments de notre histoire, de telles saillies communales. Mais il est déroutant et déconcertant comment le phénomène s’amplifie et s’intensifie malgré le passage du temps. On aurait parié sur l’inverse. Comment expliquer ce retour en arrière?

Le modèle mauricien, il faut l’admettre, a toujours reposé sur une juxtaposition des communautés. L’Etat est loin d’être séculier. La nation mauricienne est, en ce sens, un assemblage des communautés. Nous parlons toujours de «sections» ou de «segments» de la population. Un euphémisme pour ne pas utiliser le terme plus de direct de communauté.

Le jeu a aussi une dimension sémantique. «Communauté» tient pour «ethnie». Ce dernier terme n’étant pas utilisé, ayant un sens plutôt négatif à Maurice.

La société s’est ainsi construite selon ce schéma. «L’unité dans la diversité» consacrant le principe de juxtaposition des communautés et imposant la primauté de la communauté au détriment de la nation. Dans cette perspective, la République, il ne faut pas s’en étonner, est un faisceau dépouillé de sens. Le droit à la différence accordé à chaque communauté aboutit évidemment à une différence des droits.

Aujourd’hui, alors qu’on approche les élections législatives et si l’échiquier politique demeure tel qu’il est avec quelques variantes, nous nous acheminons à une coupure du pays en deux parties. Ce n’est pas, comme certains ont tendance à le croire, une majorité ethnique contre des minorités, mais une confrontation entre ceux qui optent pour le statu quo sur le plan conceptuel de l’aventure identitaire et ceux qui croient dans la dynamique du mouvement qui doit caractériser toute société.

Si nos politiques savent s’adresser aux premiers, surtout lorsqu’ils parlent «des spécificité et des réalités de la société mauricienne», ils sont en déphasage total avec les seconds. Soit ceux qui ont une autre ambition pour leur pays et pour le citoyen mauricien qu’ils sont.

Ces deux Ile Maurice s’affrontent ces dernières années. La victoire revient systématiquement à la première, non pas parce qu’elle est plus importante en nombre, mais parce qu’elle récupère irrémédiablement les blasés et les frustrés de la seconde. Celle-ci est composée de citoyens en attente d’un discours neuf et d’un projet de société en rupture avec les irrédentismes sectaires.

Entre-temps, le triomphalisme de la médiocrité est une réelle provocation aux forces du mouvement…