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Le Monetary Policy Committee retourne sa veste

29 septembre 2010, 08:54

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Les exportateurs du pays peuvent bien se réjouir de la baisse du repo rate, mais ce n’est pas pour eux que le Monetary Policy Committe (MPC) a consenti à cette révision du taux directeur, et ce après plusieurs mois de bras de fer entre les deux partis. Même le Joint Economic Council (JEC), d’habitude si circonspect, s’était joint à la meute des détracteurs de la politique monétaire.

Dans son communiqué offi ciel émis avant-hier, le MPC avoue, du bout des lèvres, que c’est en partie à cause de l’exportation qu’il se résout à cette baisse du repo rate, après 18 mois de statu quo. Certaines indications laissent présager que la croissance économique pourrait ralentir davantage l’année prochaine «especially given the the weakening growth prospects in the country’s main export markets», déclare le MPC. C’est la seule fois où le MPC utilise le mot «export». Comme s’il était tabou.

Et ce, après avoir indiqué, dans la même phrase, que l’économie «is holding up relatively well in spite of a small downward revision in the growth forecast». N’est-ce pas là ce qu’on appelle faire preuve de mauvaise foi ? Ce que le MPC appelle pudiquement «a small downward revision», c’est le fait que les estimations de croissance sont passées de 4,6 % au début de l’année à 4,2 % et à 4 % bientôt. L’année n’est pas fi nie et 2011 et 2012 ne s’annoncent guère meilleures.

La MPC a raison, les diffi cultés de la zone euro et dans nos principaux marchés d’exportation posent un problème structurel pour Maurice. L’activité économique n’a pas repris en Europe et aux Etats-Unis. L’austérité et les pressions fi scales exercées sur ces marchés vont peser sur la demande.

Mais justement ; ce n’est pas parce que la demande est déjà faible qu’il faut jeter de l’huile sur le feu, en pratiquant une politique monétaire qui surévalue la roupie par rapport à l’euro, au dollar et à la livre sterling. Ce n’est pas en augmentant le prix de nos marchandises qu’on réussira à les vendre. On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre.

Au lieu de comprendre cette simple logique commerciale, on s’est auto-fl agellé pendant des mois, mettant en balance la «richesse» des exportateurs contre la nécessité de protéger le pouvoir d’achat des «pauvres» consommateurs. Avec, en prime, la nécessité de protéger les intérêts des «petits» épargnants. Combien faut-il avoir en dépôt bancaire afin de générer suffisamment d’intérêts pour que cela puisse faire une différence à chaque fin de mois ?

Lors de son point de presse hier, le gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, est venu dire que la répercussion de la baisse des taux d’intérêts ne sera pas dramatique, car le taux d’épargne sera toujours positif par rapport à l’inflation. Parle-t-il du «headline inflation», qui est de 1,9 % ou de l’inflation trimestrielle, qui tourne «autour de 4 %», comme le dit le MPC dans son communiqué ?

Il y a certes trop de «politique» dans cette «politique monétaire». Quand le MPC vient reconnaître aujourd’hui que la croissance diminue et qu’elle va encore diminuer, ne reconnaît-il pas implicitement que, quand les exportations souffrent, l’économie et le pays souffrent en même temps ? Mais il ne le dit pas, et ne le dira sans doute jamais, sous la tutelle de l’actuel
gouverneur de la Banque centrale.

Tant pis. Mais l’essentiel est acquis. Hier, le Central Statistics Office a annoncé que le chômage augmentera cette année. Rien d’alarmant, sauf que la tendance est constante depuis 2008 : 7,2 %, 7,3 % et 7,5 % cette année.