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Le médecin de l’année

20 septembre 2013, 04:29

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Le médecin de l’année

Quand il s’agit de soigner et de guérir, la croyance du malade dans la capacité du médecin traitant et dans l’efficacité de ses médicaments  est considérée comme une posture de confiance dans l’issue de la maladie. Cette confiance que le malade place également dans l’institution dans laquelle il est admis et traité – que ce soit l’hôpital ou la clinique privée - est souvent considérée comme primordiale dans la thérapie et vient appuyer l’effort de tout le personnel médical. C’est la notion complexe de l’effet placebo.

 

Or, depuis quelques années, les Mauriciens se forgent une perception totalement négative de nos hôpitaux, de nos médecins de la Santé publique, de nos infirmiers et du ministre de la Santé lui-même.

 

Perception qu’on retrouve non seulement chez les Mauriciens, mais également chez les étrangers vivant ou en visite ici et qui optent pour une évacuation sanitaire afin d’éviter d’être soignés dans nos hôpitaux.Cette perception se renforce par le fait que nos hôpitaux et nos médecins se retrouvent la plupart du temps dans la colonne des faits divers et d’opinion des journaux pour des raisons toujours négatives. Erreur et négligence médicales, gestion exécrable de plusieurs de nos hôpitaux, gaspillage des fonds publics, cupidité de certains médecins des hôpitaux publics … La liste est longue et il n’y a en général que très peu de faits marquants pour contrebalancer ces images négatives.

 

Il est aujourd’hui évident que le ministère de la Santé n’a jamais eu une communication efficace pour juguler la perception négative du public et pour encourager les unités, les médecins, les infirmiers et les infirmières hautement compétents et qui se dévouent corps et âme pour leurs malades. Ceux qui contribuent à donner une belle image d’abnégation, de sacrifice et de dévouement, de compétence et de dynamisme à notre service de Santé  récoltent trop souvent l’ingratitude des autorités, mais aussi et trop souvent des malades qu’ils soignent.

 

Car il faut bien se dire que plusieurs unités du ministère de la Santé, notamment le centre de cardiologie de Pamplemousses, l’unité des grands brûlés et celle de neurologie de l’hôpital Candos et bien d’autres unités de l’hôpital du Nord, Jeettoo et de Rose-Belle ont atteint un haut niveau d’excellence. Le centre de cardiologie, géré par le Trust Fund for Specialised Medical Care, est même certifiée ISO 9001.

 

Le mois dernier, le ministère de la fonction publique octroyait les Public service Awards au département de neurochirurgie de l’hôpital Victoria qui a remporté Rs 100 000 et un trophée. Cette unité remporte aussi le Innovation and Improvement Award et Rs 50 000.  Parmi les sept autres organisations ont également reçu des prix on note le département "Gastro-Intestinal Endoscopy" de l’hôpital SSRN.

 

Le service de communication et l’attaché de presse du ministère de la Santé n’ont jamais su vendre les belles réalisations de ces deux départements après les awards. Pire encore : personne à ce ministère (ni le ministre, ni son « super » CEO, ni les administrateurs des hôpitaux concernés n’ont pensé qu’il fallait envoyer au moins une lettre de félicitations à ces hommes et femmes, infirmiers et médecins, techniciens et techniciennes récompensés par des awards !

 

Or, le ministère de la Santé et les administrateurs des hôpitaux expédient des dizaines de lettres chaque semaine aux médecins et infirmiers pour leur demander de s’expliquer sur des allégations, souvent farfelus, des malades et de leurs parents.

Il y là de quoi démotiver le personnel médical, même les médecins et infirmiers les plus dévoués.

 

Le ministre Lormus Bundhoo et ses techniciens doivent s’inspirer de ce qui se fait ailleurs en termes de motivation au personnel médical. Dans certains pays, les services de Santé publique vont même jusqu’à élire leur médecin et leur infirmier de l’année. Pas seulement pour motiver et féliciter ces hommes et femmes en blanc, mais aussi pour mettre en exergue les réalisations de ces médecins et infirmiers et de l’unité dans laquelle ils travaillent afin de booster la confiance du public et de contrebalancer toute publicité négative issue des gabegies d’une minorité de médecins.

 

Occupé à gérer un quotidien très difficile et frustrant, le ministre et ses techniciens ont constamment la tête dans le guidon et ce n’est pas demain la veille qu’on aura une campagne de motivation pour nos médecins et infirmiers et une campagne de communication pour juguler la mauvaise perception qu’ont les Mauriciens de leur service de Santé publique. Dommage pour la confiance des malades et l’effet placebo.