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Le jasmin ne doit pas faner

25 octobre 2011, 10:40

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Dans le calme. C’est ainsi que s’est poursuivie la révolution tunisienne dimanche dernier. Dans le calme et la ferveur. Une ferveur inédite : un vote libre, démocratique et massif. Le taux de participation à ces premières élections post-Ben Ali frôle les 90 %. Une envie de démocratie. Un besoin irrépressible de faire entendre sa voix.

L’ivresse de la réussite du scrutin ne doit pas faire oublier le plus important : consolider la démocratie dans cet Etat salué pour ses performances économiques et sociales, même sous Ben Ali.

Le paysage politique tunisien atomisé a porté préjudice aux partis progressistes laïcs. Le gagnant devrait être le parti islamo-conservateur Ennahda. Faut-il s’en inquiéter ? Pas forcément. Crier au loup simplement parce qu’une formation a une lecture politique de l’islam serait préjudiciable. C’est un retour voulu par la base tunisienne à des fondements religieux musulmans et traditionnels arabes qui se lira certainement dans les résultats.

D’ores et déjà, le leader du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, revenu d’un exil de vingt ans, cherche à rassurer : il se dit inspiré par le modèle turc qui allie islamisme et démocratie. L’engouement des partisans tranche avec la crainte d’autres Tunisiens, notamment des jeunes et des citadins, qui ont hué le chef d’Ennahda, le traitant de terroriste. Le discours modéré n’a pas fait mouche. La gueule de bois après l’ivresse électorale ?

Les Tunisiens de tous bords qu’on a pu entendre sur les radios internationales ont laissé exploser leur joie de voter, ont répété leur envie de changement. Surtout, ils ont rappelé que Ben Ali avait valeur d’exemple. Que la dérive soit politico-kleptocrate ou politico-religieuse, nul doute que les Tunisiens sauront préserver leur nouvel acquis. Et le président de l’Instance supérieure indépendante des élections, Kamel Jendoubi, de vouloir travailler à la consolidation des contre-pouvoirs.

Reste un dernier chantier : l’emploi. La réussite politique du printemps arabe ne sera consommée qu’en garantissant un emploi décent, stable et justement rémunéré aux 200 000 jeunes Tunisiens qui vont grossir le marché du travail prochainement.

Qu’on se le rappelle, c’est le désespoir d’un jeune chômeur de Sidi Bouzid, Mohamed Bouzizi, qui a allumé la mèche des révolutions arabes.