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Le désir triangulaire

1 septembre 2009, 21:58

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A l’origine de tout malheur, il y a une promesse non tenue. En amour… comme en politique. Et dans les deux cas, il faut utiliser le triangle du désir pour susciter à nouveau la convoitise.

Nos personnages de la dramaturgie politique usent de ce schéma pour renouveler des amours anciens ou pour faire de nouvelles conquêtes. Maurice Allet se sent mis de côté par Paul Bérenger, il va «manger» en compagnie de Xavier Luc Duval. Pravind Jugnauth n’en a pas fait moins pour vaincre lors de la dernière partielle.

Ce réflexe traduit un dysfonctionnement profond au sein de notre personnel politique. Faisons continuellement de la surenchère pour pouvoir obtenir le «meilleur deal» possible. On pourrait dire que c’est tout à fait légitime que d’adopter une telle stratégie. Permettez-moi d’exprimer mon désaccord.

Un désir sans médiateur n’est pas possible au sein du landerneau politique mauricien. Il s’agit toujours de se faire désirer à travers le regard d’un tiers. On est carrément dans un monde de l’illusion.

De cette illusion, nos hommes politiques s’en nourrissent en abondance. Premièrement, parce qu’ils vivent dans un monde en vase clos. C’est une cour bien étrange que celle de la classe politique locale. Une cour bien en décalage avec le monde que ses héros veulent sauver. Une véritable fracture de sens entre la réalité de la société et la société de l’illusion dans laquelle se sont enfermée nos hommes politiques. Du moins, ses dirigeants…

Des dirigeants qui, deuxièmement, sont incapables d’inventer un discours et une théorie de la politique en dehors des schémas classiques des alliances pour accéder ou se maintenir au pouvoir. C’est la plus grande carence de notre bestiaire politique. C’est une maladie congénitale des politiques locaux: ce jeu des alliances qui les obsède, qui mobilise leurs énergies et qui, dans certains cas, peut même être la principale source de motivation d’un engagement politique.

Dès lors, pourquoi s’ennuyer à travailler sur un projet de société novateur lorsqu’il suffit de trouver la bonne combinaison en termes d’alliance pour prendre le pouvoir. Une fois installé, il suffit de gérer dans le court terme pour se garantir une chance de réélection.

Depuis les années 1960, et même avant, la bataille pour prendre le pouvoir repose sur ce schéma d’un désir inavoué pour occuper le pouvoir afin de rendre jaloux ses adversaires. Vain désir triangulaire qui se joue toujours entre les Bérenger, Jugnauth et Ramgoolam.

Nazim ESOOF