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Le ciel s’assombrit

5 octobre 2011, 08:58

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Les mauvaises nouvelles continuent à s’accumuler pour l’économie mauricienne. D’abord, il y a eu le plongeon spectaculaire de l’indice de confiance des hommes d’affaires, tel que démontré par la Chambre de commerce et de l’industrie (MCCI) : moins 12 points. Tous secteurs confondus.

La semaine a ensuite démarré avec les prévisions du Bureau central des statistiques (BCS), qui a ramené ses estimations de croissance du produit intérieur brut de 4,5 à 4,1%. La Banque de Maurice avait, à un certain moment, avancé le chiffre de 4,6 %.

Sans doute pourrions-nous avancer que le secteur des exportations se porte mal, avec nos principaux marchés, les pays européens, qui sont empêtrés dans des problèmes de dette souveraine.

Notre principal pourvoyeur de touristes, la France, a enregistré 0 % de croissance au deuxième trimestre.

Un coup d’oeil aux chiffres de la croissance, que vient de publier le BCS, tend à accréditer cette thèse. Pratiquement tous les secteurs clés de l’économie sont en berne. Le sucre subira une baisse de 6,4 %, après un déclin de 4 % en 2010. Les entreprises d’exportation, moins 6 %. La construction stagne, à cause d’une baisse des investissements privés. Le secteur de l’alimentation fera à moitié moins bien qu’en 2010.

Seuls l’hôtellerie, le transport, la communication, la finance et l’offshore devraient progresser. L’investissement privé est en baisse, malgré les «shopping malls» et les projets «Integrated Resort Scheme» annoncés à tour de bras. Le «loan book» de la «Mauritius Commercial Bank» est en hausse. Est-ce pour financer des business productifs ou pour rembourser d’autres emprunts ?

Le climat économique international est au plus mal. On parle même d’un «double dip». Avec le recul, certains se demandent s’il n’aurait pas mieux valu laisser s’écrouler la banque «Lehman Brothers». Son sauvetage, on s’en rend compte maintenant, a coûté cher. Très cher.

A Maurice, c’est la dégradation du climat politique qui tient tout le monde en haleine, de l’homme de la rue en passant par l’homme d’affaires. Quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend, on a bien raison de penser ce qu’on pense, comme le dirait Devos. On est arrivé à un point où plus rien ne nous surprend.

Et c’est dans ce climat malsain qu’on voudrait que les hommes d’affaires fassent sereinement ce qu’ils savent faire le mieux : du business. Quand on branche la radio et qu’on s’intéresse à certaines actualités peu réjouissantes, en Afrique, par exemple, on se dit, d’un air supérieur : A Maurice, cela ne serait pas possible. Et pourtant. Il suffi t de prendre le temps de la réflexion.

Accordons un dernier crédit au ministre des Finances, Xavier- Luc Duval, qui devrait présenter le budget 2012 dans quelques semaines.

Aura-t-il les coudées franches pour nous tirer du marasme économique et «unlock investment opportunities», comme l’aime à le dire Raj Makoond, directeur du «Joint Economic Council» ?

En tout cas, le potentiel d’investissement à Maurice ne s’arrête pas à l’hôtellerie et au «sea food hub». La manière dont nous avons transformé l’industrie sucrière, que beaucoup avaient condamnée, avec la baisse de 36 % du prix européen, témoigne de la capacité des Mauriciens d’entreprendre de grandes choses. A condition de regarder dans la même direction et d’avoir un agenda commun.