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Le charbon est opaque

4 février 2013, 07:25

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S’il s’attend à un échange d’insultes, il sera déçu. Nous n’allons pas répondre aux propos du Premier ministre traitant les journalistes de «semi- intellectuels». Choisissons un mode de débat qui ne s’appuie pas sur les insultes et les contrevérités.

Refusons, surtout, ce «débat» pathétique qui oppose le charbon noir au charbon blanc.

Laissons ce terrain à ceux qui entendent faire perdre la rationalité aux débats et s’engager dans une argumentation émotionnelle.

Dans l’affaire CT Power, il y a deux volets distincts qui suscitent des controverses. D’abord, il s’agit de savoir si des techniques existent aujourd’hui pour permettre de réduire l’émission dans l’atmosphère de substances nocives. Ensuite, il faut se demander si les conditions dans lesquelles l’offre des promoteurs malaisiens a été retenue sont conformes ou pas à la bonne gouvernance.

Il n’y a pas de réponse simple à la première question. Pour savoir si le charbon propre est un mythe ou une réalité, il faut être bien renseigné sur l’état de la recherche technique dans ce domaine.

Or, la technologie des centrales à charbon évolue rapidement. Le problème devient donc complexe. A tel point que même les experts ont des avis divergents sur l’utilisation de ce combustible comme source d’énergie.

La deuxième question a trait au manque de transparence qui caractérise tout le processus.

Comment peut-on savoir si l’octroi du contrat à CT Power est avantageux ou non pour le pays alors que le bénéficiaire n’a pas été sélectionné après un appel d’offres ? CT Power a, tout simplement, fait une proposition non-sollicitée. Et, c’est seulement quand les négociations étaient bouclées que l’on a su qu’un groupe privé avait conclu un accord avec le CEB pour construire une centrale à charbon à Pointe-aux-Caves.

En revanche, en 2003, quand le gouvernement d’alors avait invité des propositions pour la production d’électricité, un consortium comprenant des compagnies espagnole, finlandaise, suédoise et mauricienne ainsi que La Compagnie thermique du Sud (CTDS) avaient répondu à l’invitation. Un comité de techniciens avait retenu l’offre de cette dernière, considérée comme la plus compétitive. Aujourd’hui, le recours à la négociation de gré à gré a supplanté les appels d’offres. Une recette pour le désastre, disent les spécialistes.

Reste la délicate question des prix payés aux producteurs privés et que le gouvernement souhaite renégocier. Ces contrats, entre les sucriers et le CEB, sont calqués, en majeure partie, sur celui signé avec la Centrale thermique de Belle- Vue en 1998, sous le premier gouvernement de Navin Ramgoolam. Il est à son honneur de vouloir corriger une erreur qu’il aurait commise dans le passé.