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Le casse-tête des prix

13 avril 2011, 16:57

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Comment enrayer la hausse des prix ? Et si possible, les faire baisser ? La question ne se pose pas qu’à Maurice. Dans le monde entier, l’inflation est en train de revenir sur le premier plan de la scène, et le problème commence à tarauder les responsables politiques et économiques. Car le souvenir des émeutes de la faim de 2008 reste vivace. A Maurice, certains n’hésitent plus à brandir la menace d’un soulèvement social et, de ce fait, réclament une compensation salariale intérimaire. C’est notamment le cas de Vishnu Lutchmeenaraidoo, le président de la commission économique du Mouvement militant mauricien qui estime que «la paix sociale a un prix».

De son côté, le gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, met en garde contre les «effets de second tour».

Pour lui, il faut rester prudent en matière de compensation salariale, afin de ne pas alimenter une spirale inflationniste haussière. Une idée qu’il partage avec son homologue européen, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, qui vient de procéder pour la première fois en 3 ans à un relèvement de ses taux directeurs. Rundheersing Bheenick dénonce également des abus dans la fixation des prix. On peut effectivement remarquer que les prix des produits importés, notamment alimentaires, ont fortement augmenté. Ces produits sont généralement payés en dollars. Or, le billet vert a perdu près de 10 % de sa valeur depuis le début de l’année face à la roupie. Certes, les matières premières ont flambé sur les marchés internationaux, mais le recul du dollar aurait normalement dû contrebalancer ces envolées. Manifestement, les importateurs n’ont pas répercuté la baisse du dollar. Dès lors, Rundheersing Bheenick, en tant que gardien de l’orthodoxie monétaire, ne peut rien faire d’autre que d’annoncer un prochain tour de vis en perspective de tensions inflationnistes persistantes.

Le gouverneur demande toutefois une meilleure coordination avec la politique économique qui, elle, relève du ministère des Finances. Mais là non plus, Pravind Jugnauth n’a pas vraiment les coudées franches. Il a bien réussi à desserrer un peu l’étau sur le prix des carburants, grâce à un rééchelonnement de la dette de la «State Trading Corporation». Mais les associations de consommateurs demandent plus et militent, par exemple, pour une baisse de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Cependant, l’allégement de cet impôt indirect ne semble pas représenter la panacée. Il faut d’abord noter que la TVA ne touche pas les produits de base. Elle rapporte, bon an, mal an, quelque Rs 20 milliards. Si elle devait baisser, cela ne manquerait pas d’aggraver le déficit budgétaire, et par ricochet, d’allourdir la dette publique.

Son taux a été unifié à 15 % quel que soit le produit taxé. La solution pourrait passer par des taux différenciés, avec des tranches plus faibles pour les produits courants et des niveaux plus élevés pour les produits de luxe. Toutefois, il n’est pas dit que le consommateur et l’Etat s’y retrouvent. De leurs côtés, des prix administrés et des produits trop fortement subventionnés feraient mauvais genre auprès des bailleurs de fonds internationaux. Un vrai casse-tête.