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La saga MedPoint

25 février 2011, 00:00

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A peine dix mois se sont écoulés depuis l’installation de la nouvelle alliance – celle de l’Avenir, nous avait-on dit – aux affaires du pays. Et voilà que la tête hideuse de la corruption se lève sans gêne aucune, sans complexe, au vu et au su de tout le monde. A tel escient que même les plus hautes personnalités de l’Etat se sont vues obligées, à l’occasion solennelle de leurs messages de fi n d’année, d’évoquer ce fléau qui ronge notre société. Mais comment ne pas sourciller, quand on connaît les liens étroits qui lient une de ces personnalités à ce qu’il convient d’appeler «le scandale du siècle» ?

A La Louise, dimanche dernier, des détails, on ne peut plus clairs, ont été fournis sur cette affaire qui défraie la chronique depuis quelque temps déjà, remontant même au mois de juin de l’année dernière, par le biais d’une question parlementaire. Les orateurs qui se sont succédé au micro dimanche dernier ont tour à tour fait état des zones d’ombre qui enveloppent l’acquisition de «MedPoint» par l’Etat. Preuves à l’appui, ils ont fait le procès du gouvernement, posant des questions les unes plus percutantes que les autres. Le public a le droit de savoir. Il s’agit là des deniers publics qui ont été casqués d’une façon expéditive, voire hâtive, alors que le budget de 2010 n’avait prévu aucune somme de quelque montant que ce soit pour l’acquisition d’un tel bâtiment On nous a dit qu’il fallait clore le deal avant la fin de l’année financière. D’où a-t-on puisé la somme faramineuse de Rs 144 millions pour faire ce paiement éclair ? Quelle ligne budgétaire a été imputée ? Tout ceci un 29 décembre ? Quel joli pactole pour une fi n d’année ! Et comme on vit dans une île «zougadère», quel beau jackpot !

La vitesse grand «V» à laquelle cette somme a été payée dans ce cas-ci laisse pantois, car dans plusieurs autres cas où le gouvernement a procédé à des acquisitions obligatoires, s’agissant surtout du petit peuple, le paiement s’est fait attendre pendant de longues années. Les questions pleuvent autour de cette affaire, mais pas de réponses, sinon des menaces de poursuite judiciaire et des attaques vulgaires, voire obscènes.

Le refrain qui nous est joué en ce moment, c’est que l’appel d’offres a été initié par l’ancien régime, c’est-à dire le 30 avril 2010. Mais ce que l’on omet de dire, c’est que le gouvernement, à cette date, était un «caretaker government», habilité seulement à expédier les affaires courantes et non à initier des projets nouveaux ou prendre des décisions de fond. Or, la décision pour lancer un appel d’offres pour l’acquisition d’un bâtiment en vue d’abriter un éventuel hôpital gériatrique est un «policy decision». De là, on ne peut que conclure que la motivation pour un tel empressement à la veille des élections ne saurait être le bien-être des personnes âgées méritant un traitement médical spécialisé. Car, il a été établi par les spécialistes de la médecine, et pas des moindres, que nous n’avons pas le personnel formé pour prodiguer de tels soins à ce stade.

Donc, l’enclenchement rapide des procédures aurait-il été dicté par une des conditions en vue de la conclusion d’un quelconque «deal» politique ?

Le Premier ministre s’est évertué à ne rien dire de façon directe à ce sujet, préférant, dit-il, attendre la conclusion de l’enquête de l’ICAC. Or le leader du MSM ne rate aucune occasion de dire que quand la décision concernant l’achat de «MedPoint» a été prise, il s’est retiré de la salle de délibérations du Conseil des ministres présidé, précise-t-il, par le Premier ministre lui-même.

Toutefois, à l’occasion d’une récente sortie publique, le Premier ministre a quand même dit avec force qu’il y a «des gens qui vendent leur conscience pour de l’argent facile ». Qu’il nous précise sa pensée !