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La République des vieux schnocks

3 novembre 2013, 00:00

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La République des vieux schnocks

 

 

Je vais être cru pour être compris. Imaginez si, demain, des musulmans (16 % de la population à peu près) dirigeaient nos trois plus importants partis politiques, trônaient à la tête de la Cour suprême et de la Banque centrale, occupaient les postes de vice-Premier ministre, de président de la République, de secrétaire financier, de… ! Pas possible, me diriez-vous ! C’est de la provoc ! Et pourtant, si c’est improbable, ce n’est pas impossible… La preuve ? Une «minorité» encore plus faible, soit de 12,3 % seulement, occupe indistinctement tous ces postes importants.

 

Le Digest of Demographic Statistics de 2012 nous rappelle, en effet, que 87,7 % de la population est âgée de moins de 60 ans. Qu’est-ce qui nous vaut donc que le leader du Parti travailliste ait 66 ans et nous promette, au détour d’une inspiration douteuse, 15 ans de plus ? Le leader des mauves «révolutionnaires», Bérenger, inamovible depuis les années 70, a aujourd’hui 68 ans. Anerood Jugnauth, s’il est du côté gagnant aux prochaines élections de 2015, finira son mandat à 90 ans !

 

On vient de renouveler le contrat de M. Bheenick à la Banque centrale pour la troisième fois. Il a, cette année, 69 ans. Le jeune Mansoor, 56 ans, vient d’être remplacé comme secrétaire financier par le revenant Dev Manraj qui a 64 ans. Le président de la République a 65 ans. Celle qui est appelée à le remplacer au cas où il serait indisponible a 71 ans. Le vice-Premier ministre Beebeejaun en a 79. Ajoutez à cette liste le ministre Kasenally (72), la jeune madame Bappoo (66), Suresh Seebaluck, au sommet de la fonction publique (67), Arvin Boolell (60, eh oui !), Vasant Bunwaree (66)… Arrêtons ici pour aujourd’hui !

 

C’est vrai que la retraite est maintenant à 65 ans, mais est-ce raisonnable que la compétence et l’énergie attendent alors encore plus, face à la séniorité ? Et si, la médecine aidant, la retraite passait à 75 ans ? Ou 80 ans ? Il est tout à fait improbable que toutes les compétences soient incarnées par un seul groupe, fût-il le plus «expérimenté» ! Expérience ne veut d’ailleurs pas dire sagesse, de toute manière, et ce concept, dans le monde cynique de l’argent et du pouvoir dans lequel on opère peut, en fait, incarner des contre-valeurs de méfiance chronique ou de prudence excessive, de manque d’idéalisme et d’audace, d’incapacité à reconnaître ses torts pour pouvoir changer de cap, de cynisme, de suffisance.

 

A voir la liste des plus vieux leaders mondiaux de ces dernières années – Robert Mugabe (89 ans), Abdallah al-Saoud (89), Raul Castro (82), Abdoulaye Wade (87), Hosni Moubarak (85) –, on ne pourrait pas démentir ce point de vue. La jeunesse n’est, par ailleurs, pas toujours une garantie de succès : il y a autant de jeunes cons qu’il y a de vieux cons, n’est-ce pas ? Mikheil Saakashvili (46 ans), Joseph Kabila (42), Dmitri Medvedev (48),… Kim Jong-un (30).

 

La relève dans nos partis politiques évoque généralement le qualificatif de «minus». Mais il y a sûrement une raison pour laquelle les pays les plus dynamiques et les plus libéraux élisent des plus jeunes : Obama (54 ans), Merkel (59), Hollande (59), Cameron (47), Sarkozy (58), Katainen (42)…

 

Où est notre relève à nous ? Ça ne vous inquiète pas, vous, notre République de vieux schnocks?