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La raison du plus fort

9 août 2009, 04:09

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Cette raison-là est toujours la meilleure. Lafontaine nous le disait déjà il y a quelques siècles. Et la maxime est toujours d’actualité.

C’est le cas avec la gestion de la question des squatters. Notre dossier de la semaine dernière a démontré à quel point le phénomène n’est en rien cloisonné à telle ou telle région de l’île. Or, depuis dix jours, l’attention est focalisée sur deux banlieues de la capitale : Vallée-Pitot et Cité-La-Cure. Les squatters de la première localité se trouvent sur le tracé de la future route périphérique de Port- Louis. Mais ne sont sous le coup d’aucun ordre d’expulsion exécutable immédiatement. Ce n’est pas le cas des squatters de Cité-La-Cure, qui eux, pourraient être amenés à vider les lieux d’un moment à l’autre.

Sur papier, ces deux groupes de personnes sont expulsables. Ils occupent des terres de l’Etat et savent qu’ils n’ont aucun droit d’y demeurer. Pourtant, on a l’étrange impression que les squatters de Vallée-Pitot bénéficient de toute la prévenance du gouvernement. Visite de députés, de ministres, de cadres ministériels sur les lieux. Tout a été fait pour montrer aux squatters de Vallée-Pitot qu’ils font l’objet d’une attention spéciale. Qu’ils ont l’oreille attentive de l’hôtel du gouvernement. Les squatters de Cité-La- Cure, ne peuvent prétendre avoir bénéficié de la même attention.

Les apparences ne sont pas trompeuses. La population de Cité-La-Cure est ce qu’elle est. Elle a sans doute aussi la réputation de voter MMM, de ne pas tenir le parti au pouvoir en odeur de sainteté. Alors que les squatters de Vallée-Pitot sont ceux-là même qui ont permis au Parti travailliste (PTr) de percer à Port-Louis. De teindre en vert une ville qui avait été plutôt mauve foncé jusqu’en 2005.

La raison du plus fort est la meilleure. Cette raison-là, sur le sujet qui nous concerne, est celle des squattersélecteurs de Vallée-Pitot. Pour eux, « on trouvera une solution humaine ». Pour les autres, ils n’ont qu’à soutenir le bon parti la prochaine fois. Ça leur  apprendra…

***

D’autres puissants du jour n’ont sans doute rien à apprendre. Ils en sont convaincus, leur hégémonie politique va durer. Leur raison est définitivement la meilleure. Ils en sont tellement persuadés qu’ils prennent des allures de bizuteur de l’opposition.

Hier, le PTr a consacré toute une conférence de presse à descendre en flammes les célébrations des 40 ans du Mouvement militant mauricien (MMM). C’était clair, les dirigeants rouges n’avaient pas grand-chose à dire sur ce qu’ils font ou comptent faire. A la place, ils étaient très bavards sur ce qu’est devenu le MMM et ainsi que tout ce que ce parti n’est plus.

Le sentiment de puissance doit griser. Sinon comment expliquer qu’un parti, qui regroupe en son sein une flopée de transfuges, s’amuse à dénoncer l’adversaire qui, opportuniste, ne s’est pas gêné pour accueillir des membres venus d’ailleurs. Si Madan Dulloo, Joe Lesjongard ou Sekar Naidu sont des transfuges, il serait honnête de rappeler que Rashid Beebeejaun, Rama Sithanen ou Anil Bachoo le sont tout autant. Si le MMM est devenu un parti de transfuges, c’est peut-être le PTr qui l’a fortement inspiré dans cette voie.
La raison du plus fort (politiquement) est toutefois une raison qui peut rapidement perdre de sa force. Surtout si celle-ci se fonde sur de mauvaises bases. Comme celles du PTr. En effet, il serait illusoire de croire que le parti au pouvoir est installé pour régner. Certes, Navin Ramgoolam va probablement remporter les prochaines élections. Non pas parce que son parti est plus que puissant. Mais surtout parce que l’opposition, divisée,
sans projet de société concret et sans casting crédible n’inspire pas confiance à la population.

Celle-ci adule les chefs de guerre confiants et glorifient leur propre puissance. Seul Ramgoolam c a m p e ce rôle en ce moment. Toutefois, si l’opposition unie aligne demain des idées novatrices défendues par une personne inspirant confiance, il se pourrait que la population trouve là enfin, une bonne raison – sans doute la meilleure – de tenter l’alternative.

Rabin BHUJUN