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La prolétarisation de l’Etat

28 octobre 2009, 09:10

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On a beaucoup parlé de réformes, ces dernières années, sous différents gouvernements. S’il y a eu, bel et bien, des réformes dans certains secteurs, on ne peut s’empêcher de se demander pour quelles raisons l’esprit de réforme n’a pas traversé le service public?

L’idée de l’intérêt général supporte, depuis des décennies, un service public sclérosé. Le corporatisme rigide des syndicats a permis de maintenir le statu quo. La pusillanimité de la classe politique devant ce moloch a paralysé toute velléité d’action. Ajoutons à tout cela une dose d’arguments sectaires et on aura les explications derrière cette immobilité qui caractérise le service public mauricien.

Pourquoi en parler à nouveau aujourd’hui? Pour plusieurs raisons. Mais je n’en mentionnerai que deux. La première a trait à la pleutrerie d’une classe politique dès lors qu’il est question de toucher à une structure où il y a une concentration des employés d’une même communauté. La seconde, et la plus importante, est qu’on ne peut exiger la réforme de tous sauf d’une certaine nomenklatura qui occupe les différentes strates de l’Etat.

Pourquoi donc protéger des intérêts particuliers et des pratiques condamnables, comme le laxisme, lorsqu’ils représentent le premier élément qui ralentit la dynamique économique?

Selon quelles règles divines, la garantie à vie de l’emploi dans le public est-elle un droit immuable? En quoi l’ancienneté serait-elle plus valable que le mérite? Pourquoi la gestion centralisée devra-t-elle toujours primer sur l’autonomie des collectivités locales, même s’il est aussi vrai que la décentralisation n’a pas de sens sans compétence? Pourquoi un secteur aussi important d’un pays, qu’est le service public, devrait-il échapper à la logique du profit et de la compétition? Alors que ce sont deux dynamiques qui font bouger toutes les structures qui ont autant une mission d’intérêt général que de rentabilité.

Si on veut connaître les raisons de la prolétarisation de l’Etat, il faudrait répondre à ces questions.

Entre-temps, je ne peux qu’exprimer ma tristesse de voir que les droits acquis de certains sont plus importants que leurs devoirs. Et qu’à une époque où on parle de la mort des idéologies, l’idéologie du service public, elle, règne en maître, passant entre les mailles du filet de toutes les réformes enclenchées.