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La mission d’un ministre

4 octobre 2012, 08:11

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Normalement, un ministre n’a pas à s’ingérer dans une enquête policière en cours.

Mais à Maurice, les pressions, directes et indirectes, qui sont exercées sur les institution publiques par les politiciens constituent un phénomène extrêmement banal. A tel point que beaucoup n’espèrent plus voir le jour où le pays fonctionnera sans ingérence politicienne.

Dans l’affaire Abu Kasenally, l’ingérence alléguée du politicien n’est pas le principal problème. Cet incident devrait surtout nous inquiéter parce qu’il met au jour le renforcement d’une pratique clientéliste d’un autre âge.

Les ministres entretiennent avec leur électorat des rapports qui les obligent à défendre des intérêts particuliers. Par conséquent, ils sont contraints de négliger des problèmes d’intérêt général.

Les faits connus de l’affaire Kasenally sont les suivants : la semaine dernière, le ministre appelle le responsable d’un poste de police pour s’enquérir de la situation d’une personne en état d’arrestation. Le même jour le prévenu est libéré. Il y a là un soupçon d’ingérence même si le ministre donne à son action une interprétation différente. Pour se justifier, il a inventé un nouveau concept, l’ingérence humanitaire …

Il n’en demeure pas moins que ce n’est pas le rôle d’un ministre de régler des problèmes de cette nature, fussent-ils d’ordre humanitaire.

Un ministre a pour mission de gérer des institutions et services à vocation nationale. Il pervertit le sens de la démocratie quand il se met à régler les problèmes d’un activiste qui a des démêlés avec les autorités ou qui se plaint d’un lampadaire défectueux.

Tous les partis politiques sont responsables de cette situation, qui encourage une mentalité d’opportuniste, de «rodeurs boutte».

Ils ont été au pouvoir à tour de rôle et tous croient que pour bien assumer leurs responsabilités ministérielles, ils ont l’obligation de recevoir, une fois par semaine, des mandants venus solliciter des faveurs personnelles.

Des brigades de fonctionnaires sont souvent réquisitionnées pour trouver des solutions aux problèmes personnels exposés lors de ces séances hebdomadaires.

Sans doute, il est utile d’avoir des élus de proximité, mais le ministre est avant tout chargé de défendre les intérêts de la société.

Laissons à des élus d’autre grade s’occuper des activistes et des marchands de briani.

 

Raj MEETARBHAN