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La femme, un homme comme un autre ?

8 mars 2011, 08:31

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Il fallait bien que l’un d’entre eux la lance, cette nouvelle, à la veille de la Journée internationale de la femme. C’est du côté mauve que la volonté d’augmenter le nombre de femmes dans le comité central est venue. Hormis être en ligne avec les recommandations de la Southern African Development Community et faire mieux que ses adversaires politiques, cette décision n’est-elle pas que cosmétique ?

La représentativité féminine s’est hissée au rang des priorités, au même titre que les représentativités ethniques ou religieuses, qu’on assume moins, cela dit.

C’est que les femmes sont surtout des électrices. Pour les séduire, il faut donc qu’elles se reconnaissent dans l’image que leur renvoient les sphères de pouvoir. En plus, ces femmes devenues parangons de l’engagement politique seraient, de surcroît, plus sensibles aux enjeux sociaux et sanitaires, aux problématiques familiales.

Bref, elles auraient une autre conception de l’exercice du pouvoir en y replaçant au centre l’individu (et plus encore la femme et l’enfant), le bien-être. La pratique donc du pouvoir serait résolument différente de celle des hommes forcément rigides.

C’est une erreur qu’on commet trop souvent. Et c’est pour cela que les femmes ministres obtiennent systématiquement les portefeuilles de la femme, de la famille, de la sécurité sociale ou de la santé. Pas assez armées peut-être pour se frotter à l’aridité des chiffres ou des négociations parfois houleuses des ministères des Finances ou du Travail.

En fait, «le mythe que le genre [laisse présager] une façon de gouverner ne tient plus la route», tranche Chantal Maillé, de l’Université Concordia au Canada, citée dans un article de Sophie- Hélène Lebeuf pour Radio Canada. Et de poursuivre : «il y a eu une normalisation de la présence des femmes dans la sphère publique. [Or], l’expérience nous montre qu’il n’y a pas qu’une façon de faire propre aux femmes, mais qu’il existe plein de modèles différents

Le propos de cette spécialiste de la question du genre trouve un écho dans l’évaluation de Christine Bard, coordinatrice d’un numéro de la revue Histoire Politique (2007) consacré aux «Femmes au pouvoir», pour qui la féminisation des gouvernements et ses effets positifs sont «parfois surestimés».

Ce que corrobore, dans la même revue, Stéphanie Tawa Lama-Rewal : la pratique féminine du pouvoir «n’est pas exempte des abus habituels – autoritarisme, corruption, violence – et ne manifeste qu’exceptionnellement une attention particulière aux problèmes féminins […] La présence des femmes au sommet de l’Etat manifeste non pas leur différence, mais leur relative égalité.»

La question de la représentativité élude donc des problèmes de fond liés à l’exercice du pouvoir et non au genre. La question du genre, en revanche, pourrait être plus pertinente à l’échelle de la maisonnée afin de mesurer le véritable pouvoir des femmes, pour le coup, sous-estimé.

N’empêche, l’égalité ou la parité reste un objectif à atteindre. Pour ce faire, la formule bien sentie de Françoise Giroud, femme d’influence et figure de la presse politique française, pourrait servir d’indication aux politiques rétifs au changement : «Il y aura égalité entre les hommes et les femmes le jour où on nommera des femmes incompétentes à des postes à responsabilité