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L’hiver sera rude

11 juillet 2010, 05:22

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Madame la Ministre, c’est à vous de jouer. Maya Hanoomanjee, la ministre de la Santé, est une personne raisonnable et intelligente. Elle mesure donc sans doute les défis qui l’attendent durant cet hiver qui s’annonce froid et « grippal ». En ce moment, 20 000 Mauriciens atteints de grippe défi lent chaque semaine dans nos hôpitaux. Parmi eux, certains souffrent de sa variante A(H1N1). Or, comme vous pouvez le lire en page 21, la situation va dégénérer. Faut-il donc s’alarmer ? Non ! Et qui doit s’assurer que cela ne se produira pas ? Maya Hanoomanjee !

Il y a plusieurs leçons à retenir un an après l’épidémie de grippe A qui a sévi en août 2009. La principale est celle-ci : dans ce type de situation d’urgence sanitaire, les autorités publiques – a fortiori le ministre de tutelle – doivent avoir une obsession : communiquer. C’est exactement ce que l’on attend de la ministre de la Santé. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Il s’agit d’abord de communiquer au nom de la transparence. Rajesh Jeetah, l’année dernière, a pris un peu de temps avant de réaliser l’importance de l’exercice consistant à dire clairement le nombre de cas et de décès directement liés à la grippe A. C’est d’ailleurs le retard qu’il a pris pour communiquer qui a alimenté la psychose dans le pays. Il s’est ensuite ressaisi en maintenant un échange permanent avec les médias. Qui d’heure en heure ont pu informer la population de la situation sanitaire dans le pays.

Cette collaboration a été fructueuse. Elle a d’abord permis d’éduquer la population. Lui permettant de connaître toutes les précautions à prendre afin de se prémunir contre la maladie. Cela – l’été aidant aussi – a freiné sa propagation. La mission de service public de la presse a été doublement remplie dans la mesure où, dès septembre, des radios privées et des journaux qui avaient adopté un ton alarmiste au sujet de l’épidémie de grippe A ont tous relativisé ses effets dans le pays. Non le virus n’a pas tué des centaines de Mauriciens. Oui, ce n’est, après tout, qu’une grippe ! Certes un peu plus virulente que l’autre.

Nous voici donc arrivés à un moment où la même collaboration doit se remettre en route. Deux conditions doivent être réunies afin que celle-ci fonctionne convenablement. D’une part, le ministère de la Santé et Hanoomanjee en particulier doivent prendre le parti de la transparence. D’autre part, la presse écrite et parlée ne doit pas commettre les mêmes erreurs qu’en août 2009. Durant les jours à venir, elle doit démontrer son sens de la responsabilité en ne versant pas dans le sensationnalisme. Et proscrire ces titres racoleurs disant grosso modo « On va tous mourir !» Si chacun des deux partenaires assume son rôle, la population ne pourra qu’être mieux éclairée. La deuxième vague de grippe A
annoncée n’en sera donc que mieux gérée.

On ne peut pas vraiment dire que les relations entre la presse et le pouvoir sont cordiales depuis ces derniers mois. Mais la conjoncture sanitaire actuelle nous rappelle qu’en temps de crise, les deux pouvoirs se doivent de collaborer. Quitte à ce qu’après, fidèle à lui-même, le pouvoir politique se laisse aller à ne voir en la presse qu’un ennemi. C’est triste. A ce jour, il n’existe malheureusement aucun vaccin contre le virus de la paranoïa chez les politiques !

Rabin BHUJUN