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L’endettement public : Il y a de quoi s’inquiéter….

18 mai 2011, 08:11

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Il y a de quoi en perdre son latin, ou plutôt ses notions de base en économie. Qui dit la vérité sur l’endettement public ? Qui a raison ? Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou Moody’s ? Nous sommes confrontés à trois analyses différentes sur la dette. Le FMI nous dit que la situation commence à devenir préoccupante, la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme, tandis que Moody’s nous dit que ce n’est pas bien grave, et que Maurice peut se le permettre. Quant aux pontes des organisations du secteur privé, ils chuchotent que Maurice a un «fiscal space ». Qui croire ?

Objectivement, avec une dette totale représentant quelque Rs 170 milliards et 59 % du produit intérieur brut, on devrait commencer a s’inquiéter, car le pays n’est pas loin de la ligne rouge fatidique des 60 %, que nous sommes légalement tenus à ne pas dépasser. Mais depuis la crise économique mondiale et la crise de la dette souveraine en Europe, une école de pensée veut nous faire croire que les normes de bonne gestion économique – notamment celles qui concernent les paramètres des finances publiques – ont été dépassées. Puisque tous les pays, et notamment les économies développées, qui ont adopté des politiques expansionnistes – soit pour sauver leurs banques, soit pour relancer la machine économique – sont dans le rouge, il ne faudrait pas se formaliser avec des normes du type Maastricht, qui n’ont plus cours.

Pourtant, l’exemple de l’Irlande, de la Grèce ou du Portugal devrait nous inciter à beaucoup plus de prudence en matière de gestion des finances publiques et du niveau d’endettement public. Tout le monde ne peut pas vivre comme les États-Unis, avec un endettement titanesque, et compter sur l’argent de la Chine pour financer le déficit et injecter des capitaux dans l’économie. Maurice est à des années lumières de ce modèle macroéconomique.

Il y a aussi ceux qui disent que l’important, au fond, c’est de savoir ce qu’on finance avec la dette. Si on s’endette pour financer le budget de fonctionnement, cela ne va pas. Mais si on s’endette pour financer des infrastructures, ce n’est pas grave, car celles-ci sont des outils permettant d’assurer la croissance future. On devrait donc s’inquiéter d’un endettement public destiné à rehausser les infrastructures quand cela reste un voeu pieux. Rien de concret jusqu’ici. La capacité d’absorption des investissements à Maurice a montré ses limites. Le secteur public a clairement démontré qu’il n’est pas capable de gérer, canaliser, organiser et exécuter plusieurs grands chantiers publics en même temps. La Banque mondiale nous répète ce que la Mauritius Commercial Bank dit depuis plusieurs années : les retards accumulés dans l’exécution des projets sont un frein au développement et à la croissance.

Le plus grand défi de Maurice sera de pouvoir avoir plusieurs plats sur le feu en même temps. C’est comme vouloir construire des pyramides sans maître-d’oeuvre. Quand on veut aller vite et qu’on brûle les étapes, l’on soupçonne des magouilles. Quand on respecte les règles, on nous dit qu’on est trop procédurier et qu’il faudrait aller plus vite, comme le font les compagnies privées. N’avez-vous pas été frappé par la vitesse à laquelle avance le chantier de Bagatelle du groupe Espitalier-Noël ? Malheureusement, l’argent des contribuables ne se gère pas aussi facilement. Sauf si l’on veut acheter une clinique… Mais n’entrons pas dans ce débat, on n’en finirait jamais.