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A l’épreuve de la foule

29 avril 2012, 03:41

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Il n’y aura pas de match nul. Les rassemblements politiques de ce 1er-Mai livreront un seul vainqueur. Il en est ainsi parce que les blocs Parti travailliste/PMSD et MSM/MMM se sont laissé enfermer dans une logique du nombre. Leurs leaders respectifs en assumeront les conséquences. Elles pourraient être lourdes. Le pays ne traverse pas une de ces périodes de mi-mandat habituellement marquées par une certaine torpeur au niveau politique. Depuis le 1er mai 2011, l’Alliance de l’avenir a explosé en vol, sir Anerood Jugnauth a démissionné de la présidence pour reprendre un rôle politique de premier plan. Enfin, une alliance MSM/MMM a désormais pour ambition de bouter rapidement Navin Ramgoolam hors du pouvoir. Du coup, les meetings du 1er-Mai de cette année obéissent à une autre logique. Ils sont de véritables tests. Dont il convient d’établir la note minimale pour réussir.

Nous ne sommes pas à la veille d’élections générales. Il est donc illusoire d’espérer une réédition des scores des meetings du 1er-Mai de 2010. Selon les estimations de l’express dimanche, la défunte Alliance de l’avenir avait alors rassemblé entre 30 000 et 32 000 partisans à Vacoas tandis que le MMM avait drainé une foule de 18 000 à 20 000 personnes à Port-Louis. Ce mardi, toutefois, le « pass mark » pour les alliances PTr/PMSD et MSM/MMM se situera plutôt autour de 12 000 personnes.

Ce score n’est en rien inatteignable. Un bon meeting de mi-mandat du PTr attire habituellement de 8000 à 10 000 personnes, le MMM n’est d’habitude pas trop à la traîne avec 2000 à 3000 sympathisants en moins. Or, à l’approche des échéances électorales ou quand les démonstrations de force deviennent nécessaires, chaque parti arrive à remobiliser ses troupes. Ainsi, le 1er mai 2009, le PTr avait réuni 13 000 personnes à Vacoas. Tandis que le MMM et le MSM attiraient une foule cumulée de 12 000 partisans (9000 mauves à Rose-Hill, 3000 blancs à Saint-Pierre). Il s’agira, pour l’opposition, de rééditer (au moins) ces chiffres mardi. En théorie, les deux blocs politiques sont en mesure d’y arriver. L’alliance au pouvoir a déjà démontré sa supériorité logistique à cette fi n. Si les 300 autobus de la CNT réservés par le PTr roulent à moitié vide, ils déverseront malgré tout un flot de 9000 personnes à Vacoas. Il n’est pas interdit de penser que 3000 autres sympathisants s’y rendront par d’autres moyens…

Du côté de la nouvelle alliance MSM/MMM, l’essai est tout aussi transformable. Même si des cadres rouges clament le contraire, la campagne de mobilisation de l’opposition a été plutôt satisfaisante. Patrick Assirvaden peut chercher à travestir la vérité, il n’en demeure pas moins vrai que SAJ a attiré une foule d’un millier de personnes à Rivière-du-Rempart ce lundi. L’effet de curiosité de ceux qui cherchent à constater de visu « si ankor ena lor bolom la », cumulé aux efforts de mobilisation du MMM et du MSM, ne peuvent donc qu’augurer d’une bonne performance de l’alliance de l’opposition à Port-Louis.

Trois scores peuvent donc être enregistrés à l’issue du match de mardi. Un seul d’entre eux pourrait être préjudiciable à l’opposition. En effet, si le bloc MSM/ MMM réunit une foule nettement inférieure à celle de Vacoas, la messe sera dite. La mayonnaise, que le PTr ne voyait pas monter, retombera rapidement. Privée de l’effet d’entraînement d’une grosse mobilisation, l’alliance MSM/MMM pourrait peiner à garder ses troupes mobilisées durant les mois à venir et perdre l’attrait qu’elle exerce chez certains membres de la majorité parlementaire. À terme, cela conduira à son implosion. Quand ses dirigeants réaliseront qu’il leur sera difficile de tenir la distance qui les sépare de 2015.

Les deux autres scores demeurent toutefois à l’avantage de l’opposition. En cas d’égalité, l’alliance MSM/MMM pourra tout à fait s’enorgueillir de sa performance malgré les moyens logistiques largement supérieurs de l’adversaire. SAJ et Paul Bérenger envisageront alors les mois suivants avec davantage de sérénité. Ce sentiment céderait la place à l’euphorie si jamais l’alliance MSM/MMM remportait la bataille des foules. L’opposition compte sur cela pour enclencher une suite d’événements irréversibles qui commencerait par une plus forte adhésion populaire pour culminer avec la mise en minorité du gouvernement au Parlement grâce à la démission de trois ou quatre membres de l’équipe de Ramgoolam.

Le champ des possibilités de ce qui pourrait se produire à partir du 1er mai est encore ouvert. SAJ, Bérenger et Ramgoolam ont un jour pour s’assurer que la suite des événements corresponde à leurs plans. En attendant que ceux-ci soient déjoués, un jour, par un sursaut populaire. Dont le premier acte pourrait être tout à fait symbolique : le boycott des meetings politiques du 1er-Mai !