Publicité

Justice pour les femmes

31 août 2011, 12:22

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Les conditions sont aujourd’hui réunies pour une avancée dans la lutte en faveur du droit à l’avortement. D’une part, le gouvernement ne peut plus se réfugier derrière la neutralité et est forcé d’annoncer la couleur. De l’autre, il y a une quasi-unanimité parmi la population de mener le débat sur le plan de la santé et de la justice sociale. Les enjeux moraux ont cédé la place à des considérations pratiques et humanitaires. Cela= rend justice aux femmes et aux filles les plus vulnérables de notre société – celles qui sont pauvres.

C’est en octobre que la Commission de l’ONU sur l’élimination des discriminations envers les femmes se réunira. Le gouvernement mauricien sera alors tenu de préciser sa position. On prévoit que l’interruption de grossesse, dans des cas spécifiques, devra être autorisée dans moins d’un an. La loi datant de 1838 et interdisant l’avortement sera alors rendue conforme aux conventions internationales en matière des droits des femmes.

C’est un changement de paradigme qui a ouvert la voie à ce progrès. Les uns et les autres ont abandonné les positions morales qui rendaient impossible la recherche d’un consensus sur l’avortement. Aujourd’hui, on ne se demande plus si le foetus est un être humain ou pas. Le débat ne progressait pas, aussi longtemps qu’il restait centré sur les questions métaphysiques. On a compris qu’il est inutile de se perdre dans les dédales des arguties sur la viabilité du foetus, alors que des milliers de femmes connaissaient le désarroi chaque année face à une grossesse non désirée.

Les statistiques officielles révèlent que 24 217 cas de complications et 10 décès ont été enregistrés entre 1997 et 2007, suite à des avortements. Ces chiffres doivent être largement en deçà du nombre réel d’avortements pratiqués dans des officines lugubres, car la majorité des victimes ne vont pas à l’hôpital, craignant des représailles policières. Les chiffres ne tiennent pas compte, non plus, de femmes qui ingurgitent une surdose de comprimés «cytotec» achetés à prix d’or au marché noir. Il était temps que cesse cette hypocrisie, qui consistait à enfouir la tête dans le sable et ne pas reconnaître la réalité de l’avortement à Maurice.

Raj MEETARBHAN