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Indignons-nous enfin!

9 décembre 2012, 18:48

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Sans des instances de contrôle fortes, capables de prendre des actions et des sanctions, toutes les dérives sont possibles. Ceux qui utilisent l’appareil de l’Etat, ce mastodonte, peuvent se permettre d’user et d’abuser de moyens de faire campagne, souvent illicites, parce qu’ils profitent de l’impunité. Dans le concerto des dénonciations réciproques au fil des années, les électeurs ont perdu leur capacité d’être indignés. Ceux qui sont sans scrupule attendent d’ailleurs les périodes de campagne électorale pour soutirer de l’argent et d’autres avantages des politiques.

Ce sont des pratiques que certains politiques encouragent, voire qu’ils nourrissent. On achète des voix avec de la farine et du riz, entre autres. On demande à ses partisans d’usurper l’identité de personnes qui n’ont pas voté. Ce n’est évidemment que le bout de l’iceberg. Dans le monde opaque d’une campagne électorale, il se passe tant de vilenies, tant d’embardées.

Heureusement qu’aujourd’hui, il y a les réseaux sociaux. Jusqu’ici, les uns dénonçaient les autres. On déposait des plaintes auprès de certaines autorités. Mais, il ne se passe jamais rien. Pas de mesures punitives. Ceux qui commettent ces infamies parviennent toujours à s’en sortir. Parce que le fameux modèle démocratique mauricien s’accommode finalement bien de ces pratiques. La corruption électorale a été institutionnalisée comme méthode de campagne. L’anormale est devenue la norme.

L’émergence d’un esprit de cupidité et la soif du pouvoir ont légitimé les écarts les plus indécents. Comment penser qu’en donnant des «cadeaux» aux électeurs, on puisse aussi facilement les rouler dans la farine et obtenir leurs votes! Toutefois, cette stratégie comporte une part d’efficacité car certains électeurs se laissent prendre.

Les réalités sont devenues manichéennes aujourd’hui. Il y a ceux qui tentent de respecter les règles du jeu. A Maurice, en politique, ce sont de petits partis qui s’accrochent à des idéologies. Pour les autres, les frontières sont plus floues entre l’éthique et la délinquance électorale. Le désert idéologique dans lequel ils se sont engouffrés leur a enlevé tous les repères. La menace guette. La société mauricienne est profondément malade. Il ne suffit pas de prendre la parole à des fêtes religieuses et de citer des hommes saints pour se donner une probité morale. Cela témoigne, au contraire, seulement d’une capacité à pouvoir dire ce en quoi on ne croit pas.

Une demande d’ordre, de transparence et d’éthique est désormais devenue un impératif. A la société civile d’envoyer un signal fort. Aux électeurs de démontrer leur indignation. Autrement, on restera une société sans âme.