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Incompétence meurtrière

4 avril 2013, 08:34

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Nous, citoyens de Maurice, sommes de tout cœur avec ces familles qui ont vu leur vie s’effondrer en l’espace de quelques minutes suite à la disparition de leurs bien-aimés et tous ceux qui ont subi des dégâts matériels substantiels en ce samedi fatidique.

 

Mais, «enough is enough !» Ce gouvernement, et non leseul ministre des Infrastructurespubliques, doit rendre letablier et dégager le plancher.Sa date d’expiration est largementdépassée et son incompétenceà plusieurs niveaux estsans conteste.

 

Samedi, les cieux se sont ouverts sur le territoire mauricien et en deux heures, les 152 millimètres de pluie ont vite fait d’inonder la capitale. L’eau, source de vie, s’est vite recouverte de son manteau meurtrier, semant la mort sur son passage, un passage qu’elle a dû se frayer car nous, humains, avons persisté à obstruer les cours d’eau et autres canaux d’évacuation. Des vies innocentes ont été enlevées.

 

Pas plus tard qu’en mi-février, Dame Nature avait tiré la sonnette d’alarme et nous avait avertis de sa force destructrice si l’on persistait à la provoquer. Déjà en mars 2008, la catastrophe s’était abattue sur notre île qui avait alors pleuré la mort prématurée d’une collégienne.

 

Et qu’avaient fait les autorités face à ce sinistre ? Elles nous avaient annoncé la mise sur pied de comités interministériels et d’autres encore, de haut niveau, pour prendre les mesures nécessaires en vue de prévenir les dégâts et autres conséquences dévastatrices de tels acharnements de la nature à l’avenir. Le gouvernement avait alors annoncé le déblocage rapide de centaines de millions de roupies pour la construction de drains et la réfection d’autres, obstrués par l’insouciance et l’incivisme ou tout simplement détruits par l’envahissement du béton et du goudron. Et, encore une fois, ce n’était qu’un effet d’annonce, expertise incontestée de ce gouvernement.

 

Puis il y a eu l’inondation de février de cette année. De nouveau, comités mis sur pied, déblocage de fonds, etc. D’après le Premier ministre, Rs 500 millions ont été dépensées à Port-Louis depuis février jusqu’à ce jour pour la construction et la réfection des drains. Il devrait demander des comptes au ministre responsable pour savoir où ces travaux ont été effectués. Car, le grand canal d’évacuation autour de la montagne des signaux, les ruisseaux du Pouce, Citerne des créoles et d’autres encore, sont tous en état de délabrement, sinon obstrués.

 

Pour les responsables politiques gouvernementaux, les verbes sont toujours conjugués au futur. «Nous allonsfaire ceci, nous allons faire cela», comme pour apaiser la colère, momentanée soit-elle, de la population, car ils le savent très docile ce public mauricien. Les expressions consacrées de nos responsables en pareille situation sont ressassées. Les «Je suischoqué» et autres consternations explétives sont vite reprises du manuel ministériel. Le Premier ministre et son ministre des Infrastructures publiques n’ont trouvé pour toute explication et refrain que «comme d’autrespays, nous ne sommes pas à l’abrides flash floods et du changementclimatique» ! Quelle trouvaille !

 

La même chose, ou à peu près, a été réitérée dimanche après-midi. Le Premier ministre quand même a eu le mérite d’accéder à la requête du leader de l’opposition, Alan Ganoo, de décréter le lundi 1er avril, jour de deuil national.

 

Mais quid du bétonnage sauvage et du goudronnage à la va-vite que connaît notre pays depuis quelques années en même temps que l’île est victime d’une déplétion dramatique de sa flore naturelle avec la destruction de ses bois et l’abattage quotidien de ses arbres endémiques ? Assurément, le développement est essentiel mais pas à n’importe quel prix. Il faut que les projets de développement se cadrent dans un plan global qui soit respectueux de notre environnement.

 

L’on ne peut, en 2013, accepter que 152 mm de pluie ôtent la vie à onze de nos compatriotes. A l’île soeur, ils ont enregistré 300 mm de pluie ! Sans commentaires ! Qu’une FactFinding Commission soit instituée pour situer les responsabilités et proposer des mesures préventives, entre autres. Un mort en 2008, c’était déjà un de trop ! Le National DisasterCommittee est malheureusement un désastre et ne répond pas aux attentes ! Et ça, ce n’est pas de la politique !