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Flic story

24 août 2010, 07:55

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Lettres des mes Casernes : Tranches de vie d’une carrière à la police de l’ex-Commissaire adjoint, Jean Bruneau, a été lancé vendredi après-midi à l’Alliance Française par Rivaltz  Quénette. Un livre-témoignage, une somme de souvenirs et d’expériences accumulés en plus de quatre décennies de port de l’uniforme. Un récit fluide, sans aspérités, sans aucune provocation, sans aucun désir de polémique… à la manière de l’homme, en adéquation avec son caractère et sa personnalité. Un récit avec discrétion et pudeur qui ne laisse rien transpirer même pas un soupçon d’amertume de n’avoir pu accéder à la consécration suprême.

Il serait inopportun de reprocher à l’auteur, qui trempé son stylo dans l’encrier de l’émotion, quelques carences d’historien à savoir l’absence de dates-repères et de noms de ceux impliqués dans les événements qu’il raconte. L’étudiant, le chercheur, le sociologue et l’historien qui liront ces mémoires dans une vingtaine d’années devront certes aller piocher ailleurs pour les connecter chronologiquement ; mais ces pages demeureront, sans conteste, une référence sûre d’authenticité historique.

Rivaltz Quénette disait, avec raison, que la place de Jean Bruneau et son ascension au sein de la force policière, n’ont «pas été usurpées, mais méritées». Ses quelques détracteurs – ils ne sont pas légion heureusement - qui ont voulu faire accroire qu’il avait obtenu ses différents galons en servant au bar de la cantine de la police devront ravaler leurs calomnies. L’itinéraire de Jean Bruneau a été carrément un véritable parcours de combattant. Si l’entraînement militaire qu’il a subi, au départ de son recrutement, n’était pas empreint du sadisme de ‘Full Metal Jacket de Stanley Kubrick ou de la démesure de La Colline de Sydney Lumet, il n’en demeure pas moins que les exercices subis ont découragé plus d’un, souvent contraints à l’abandon.

Il n’a pas été facile, on le suppose, de faire le tri des événements qui ont marqué quarante-deux ans de carrière. Jean Bruneau a eu le mérite de mettre en exergue pêle-mêle ceux dans lesquels ses émotions ont été impliquées. La douleur ressentie à la suite de ce carambolage mortel sur l’autoroute, l’horreur provoquée par cet assassinat politique à Curepipe, comme celle qu’il a éprouvée lors de l’incendie de L’Amicale ou encore l’incompréhension devant le déferlement de violence dans le sillage de la mort de Kaya pourtant sous protection policière… sans oublier les coups de feu mortels de la rue Gorah-Issac ou encore les différentes élections partielles et leur lot de violence.

La lecture de ces Lettres… permet de voir et de vivre les événements qui ont secoué notre pays de l’intérieur et de manière subjective par l’auteur.

Son engagement personnel et sa grande probité lui donnent une vision angélique de la force policière et aussi le sentiment que tous les flics sont pratiquement des boyscouts. Mais il est difficile de dissimuler au sein du troupeau bon nombre de brebis galeuses qui ternissent régulièrement l’image de la force policière.

Jean Bruneau oublie que tous les policiers à Maurice ne sont pas que des ‘bobbies’ au service de la société, mais souvent des ‘gabelous’ dans le sens péjoratif du terme.