Publicité

Faut-il se résigner ?

7 avril 2014, 11:38

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Il est de ces ambiances politiques locales qui ne cessent de décourager et dégoûter la jeunesse mauricienne. Ainsi malgré la window of opportunity proposée par le Premier ministre avec la présentation du livre blanc dont on retient essentiellement la probable future mort du Best loser system, malgré le fait que le remake a lancé sa campagne de mobilisation avec sa thématique bizin vre sanzman, et malgré la bataille hebdomadaire à distance, chaque samedi, entre les deux principaux blocs politiques, il reste un doute persistant : que d’ici les prochaines échéances une entente MMM-PTr est sur la route des possibles. Et ce n’est pas uniquement Cassam Uteem qui pense et qui dit que la réforme électorale passera par cette alliance-là.

 

À croire donc que c’est une fatalité. À croire qu’il faut se résigner, à croire que la politique mauricienne est prisonnière d’un système qui favorise des alliances permettant aux adversaires du jour de se comporter comme ennemis, en s’insultant comme du poisson pourri un jour ou plutôt pendant quelques années, pour mieux se retrouver ensuite sur le même camion et parler d’une seule voix, la démagogie et l’hypocrisie étant des vertus en politique tout comme les amitiés sont conjoncturelles.

 

Les exemples sont légion et le dernier en date reste l’histoire d’amour ou plutôt le mariage de raison PTr-MSM de 2010, qui a fini par un divorce bruyant une année plus tard, laissant à Pravind Jugnauth un goût tellement amer que le soir de la présentation du livre blanc de la réforme électorale, à l’heure des réactions, il préféra laisser la hargne personnelle prendre le dessus sur un dossier d’enjeu national. Au fond, Pravind Jugnauth a sûrement eu le même réflexe que tous les Mauriciens ce soir-là : le ton adopté par Ramgoolam envers Bérenger, les caresses dans le sens du poil, les allusions aux petits partis qui s’accrochent aux grands, cachent-ils des souhaits inavoués du leader travailliste ? En résumé : est-ce que la réforme électorale aura raison des alliances actuelles et mettant, par extension, PTr et MMM dans le même bateau ?

 

Contrairement au leader du MSM, la population, elle, essentiellement cette jeunesse participative qui veut donner de la voix dans la construction de l’identité mauricienne, n’a aucun intérêt politique dans ces alliances et mésalliances. Au contraire, cette nouvelle génération est plutôt fatiguée de ces jeux enfantins ou on s’aime, on se déteste, et vice versa. Aujourd’hui les citoyens souhaitent plutôt avoir affaire à un gouvernement responsable dont l’image ne souffre d’aucune ambiguïté. Les Mauriciens, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, veulent plutôt connaître s’il y aura un dernier sursaut du gouvernement avant les législatives pour enrayer le problème grandissant du chômage, redynamiser l’économie et proposer une politique d’intégration. À ce propos l’on pourrait s’interroger sur l’inaudible plan d’action du ministère de tutelle envers les familles défavorisées, devenant squatters, parfois par force, laissées à leur sort sans aucun accompagnement, provoquant souvent la non-scolarisation des enfants, quand elles ne sont pas confrontées à un cercle social vicieux  explosif, dont on prend connaissance ponctuellement à la faveur d’un fait divers.

 

Et il en va de même pour l’opposition. Comment les responsables du remake comptent-ils s’y prendre pour «apporter un véritable changement, instaurer la démocratie et rétablir le développement économique ?», dixit Bérenger. À moins que certains leaders savent déjà que leur avenir est scellé. Une éventuelle alliance qui découragera et dégoûtera encore plus la jeunesse mauricienne de cette politique qui ne change pas et qui ne veut aucun renouvellement…

 

P.S. Les opinions divergent sur le cas Yashika Bageerathi, déportée de force jeudi dernier. Parfois les avis sont tellement tranchés qu’ils provoquent une colère inutile contre cette jeune femme, définitivement mal inspirée de vouloir rester en Angleterre avec un visa de touriste et mal conseillée dans les démarches à entreprendre pour terminer ses études dans la capitale britannique. Pour autant, devrait-on la traiter de menteuse et la jeter en pâture quand le père lui-même affirme (voir texte en pages 8-9) à propos d’une tentative de viol alléguée de sa fille, qu’il s’agit d’une vieille histoire de famille ? Il est des jugements parfois trop hâtifs, trop faciles…