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Faut-il bétonner le déficit commercial ?

1 décembre 2010, 10:10

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Les trimestres et les années se suivent et se ressemblent. La dernière livraison du Bureau central des statistiques (BCS), en ce qui concerne les indicateurs sur le commerce extérieur, révèle que le déficit commercial s’est creusé de 25 % au cours des trois premiers trimestres de 2010, comparativement à la même période l’année dernière.

L’arithmétique est simple à comprendre : les importations sont en hausse de 16 %, tandis que les exportations augmentent de 8,8 % seulement. S’il continue sur cette pente, le BCS estime que le déficit commercial s’élèvera à Rs 69,5 milliards pour 2010.

Pour être plus justes, il faudrait que nous le comparions à celui de 2008, le commerce extérieur ayant été exceptionnellement affecté par la crise en 2009. Le déficit s’élevait ainsi à Rs 56,5 milliards «seulement», l’année dernière, contre Rs 64,2 milliards en 2008.

Le problème du déficit commercial est tellement récurrent, que même dans les cercles économiques et des décideurs, on a pris l’habitude de dire que c’est un «problème structurel». Pour d’autres, plus francs, Maurice vit au-dessus de ses moyens et n’est pas assez productive.

Le problème du déficit pose par ailleurs celui de l’achat – en devises – des biens et services dont nous avons besoin. L’on avait calculé, il y a quelques années, qu’environ 70 à 80 % de ce que nous trouvons sur les rayons des magasins et des supermarchés sont importés.

Pendant de nombreuses années, le déficit commercial a été comblé grâce aux recettes du tourisme. Depuis quelques années, cela est un peu moins sûr. Heureusement, il y a eu les investissements directs étrangers – Rs 11 milliards cette année au dernier décompte. Le pays a aussi pu compter sur les subventions – en guise de compensation – de l’Union européenne, suite à la baisse du prix du sucre sur le Vieux continent. Il nou reste encore une tranche desdites subventions.

Maurice a également bénéficié d’une augmentation conséquente des droits de tirage spéciaux, accordée par la Banque mondiale. Mais l’on ne recevra par éternellement ce genre de don.

Alors, il y a ceux qui disent que le «Foreign Direct Investment» (FDI) va continuer à affluer. Un coup d’oeil à la ventilation des secteurs qui attirent les capitaux étrangers laisse voir qu’une bonne part va dans les «Integrated Resort Schemes».

Le foncier et l’immobilier.

Cette stratégie a des limites. Il ne s’agit pas d’investissements productifs – qui nous aideraient à produire des biens et services à exporter, tout en nous permettant d’engranger des recettes, conséquentes, en devises.

«Mais pourquoi voulez-vous qu’on s’arrête à la vente des plages, des montagnes et de nos plus beaux paysages ?», rétorquent certains. Il n’y a qu’à continuer. «The sky is the limit». N’avons-nous pas parlé de «Duty-Free Paradise», avec des «Shopping Malls» à la pelle ? N’avons-nous pas entendu murmurer «City- State» ? A la Singapour ?

Tant pis pour «Maurice île Durable». Tant pis pour Joël de Rosnay. Si on ne va pas par là, le flux de FDI est assuré. Et notre avenir sera ...en béton.