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Fausse rime

26 juillet 2011, 11:14

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Politique rime avec éthique. Cette rime, en poésie, est riche. Mais dans les faits, elle est surtout fausse parce qu’à l’oreille du citoyen-électeur, elle ne sonne pas juste. La saga Hanoomanjee fait éclater ce qu’on déplore depuis des lustres. Les conflits d’intérêts inhérents à une classe politique qui mêle dangereusement les allégeances et la consanguinité, le règne du fric sans lequel de toute façon rien ne se fait, l’opacité contre laquelle on ne peut rien et une justice qu’on estime, parfois à raison, à deux vitesses puisque les «gro palto» sont, trop souvent, d’abord inquiétés pour la forme avant d’être blanchis.

De l’avis général et responsable, la démission de la ministre de la Santé, innocente tant qu’une décision de justice ne dit le contraire, est, pour en dire le moins, souhaitable. Ne serait-ce que par éthique, transparence et équité. Mais ces trois raisons ne pèsent pas bien lourd face à l’entêtement d’une majorité qui cherche à faire corps alors que l’édifice craquelle.

Même le député travailliste Reza Issack appelle à la démission «logiquement» et «d’un point de vue éthique». Mais cette éthique, qui rime faussement avec politique, ces élus s’essuient les pieds dessus.

Sinon comment expliquer que le code de conduite électoral n’ait pas de valeur légale ? Comment se fait-il qu’un halo de fumée persiste sur les dépenses réelles des partis lors de joutes électorales comme sur les fonds dont ils disposent ? Et comment se fait-il que le tempo soit folkloriquement associé à un exercice démocratique, soi-disant transparent et juste ?

Dans le sillage de l’affaire MedPoint, des fonctionnaires ont été inquiétés. Ils sont des boucs émissaires de choix. Ils le disent eux-mêmes : ils appliquent les décisions politiques prises au risque d’être épinglés pour mauvaise pratique. Si, dans une raisonnable mesure, ils peuvent être plaints, ne perdons pas de vue que les fonctionnaires ne doivent pas prêter une allégeance aveugle aux décideurs du jour. La peur d’un transfert punitif ou de représailles administratives a instillé dans la fonction publique une couardise qui n’a d’égale que les pratiques sous tapis qui ont cours. A eux aussi de préserver l’intégrité des institutions.

Qu’on le répète, à l’envi s’il le faut : en tant que personne à la carrière sans (presque aucune) anicroche, représentante élue du peuple, et bien que toujours présumée innocente, Maya Hanoomanjee ne peut continuer à occuper son fauteuil. Si la décision ne vient pas d’elle – ce qui porterait de toute façon atteinte à sa crédibilité – elle doit venir du Premier ministre. Sauf que le jeu d’alliance, dans lequel le MSM pèse plus lourd qu’il n’aurait peut-être dû, rend la tâche plus compliquée. Ce sont donc des considérations non pas politiques mais politiciennes qui entrent en jeu. Et c’est justement cela qui ternit l’image qu’on se fait de la classe politique, de ses pratiques, de ses bonnes intentions vite entachées d’actions discutables.

«Ethique» / «politique» est en fait une rime riche. C’est «éthique» / «politicien» qui est une fausse rime.