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End the coolie trade

4 septembre 2013, 05:17

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Cette fois, ce sont les ouvriers qui seraient responsables de la situation de crise. Du moins, c’est ce qu’affirme le ministre du Travail et des Relations industrielles, Shakeel Mohamed. Mais qu’on se le tienne pour dit, on verra bien apparaître, tôt ou tard, des tensions dont sera responsable un patron qui fait préparer la nourriture de ses employés à côté des toilettes, qui les fait dormir sous une toiture qui coule ou qui ne leur procure pas d’eau chaude, en plein mois de juillet, à Forest-Side. Comment une nation constituée majoritairement de descendants d’esclaves et d’engagés peut-elle être aussi oublieuse, traitant aussi mal ses travailleurs étrangers ?

 

En réponse à une question de Cehl Meeah, Shakeel Mohamed informait la Chambre, l’année dernière, que 35 221 permis de travail avaient été émis au 5 juillet 2012, dont 26 094 pour des emplois dans le secteur textile. Ce sont les derniers chiffres officiels dont on dispose. Certes, nous comptons 52 000 chômeurs et la présence de ces travailleurs étrangers est toujours susceptible de pousser certains à penser à la manière des populismes européens. On peut, on doit, se l’interdire. En revanche, ce dont on ne peut se dispenser, c’est d’un consensus national quant au traitement à accorder à ces hommes et femmes. Venus chez nous, loin de leur famille et de leur univers le plus familier, contribuer à notre croissance, notre création de richesse et notre productivité.

 

Même si certains patrons semblent particulièrement plus cyniques que d’autres, on doit pouvoir, en règle générale, pardonner à des industriels le fait qu’ils ne soient pas les meilleurs hôteliers et restaurateurs du coin. En revanche, on finira par ne plus avoir d’indulgence pour leurs mauvais choix de logement, d’équipements et de prestataires dès qu’il s’agit de la main-d’œuvre étrangère.

 

N’y a-t-il pas du vrai business à faire, non pas des retours de type Ponzi mais d’honnêtes rapports, en proposant aux industriels la prise en charge de l’hébergement et des repas qu’ils promettent à leurs recrues ? En Afrique du Sud, même dans le Golden Square Mile de Sandton, on peut choisir, pour se déplacer, plutôt qu’une confortable berline, un rickshaw, un triporteur comme en Inde. Et on participe ainsi à un projet d’allègement de la pauvreté et de growth for the poor. Qu’est-ce qui nous empêcherait à Maurice d’en faire autant. Le petit pouvoir d’achat des Bangladeshis n’intéresse pas nos grands entrepreneurs. So far so good. Mais quid des entreprises de jeunes, de licenciés de l’industrie sucrière, de chômeurs insuffisamment formés pour se faire recruter en entreprise ? Mais capables d’acheter, disons, un aspirateur et un vélo électrique et de faire la tournée des dortoirs ? Etc., etc.

 

Il nous faut apprendre à traiter socialement les imprévus de nos relations industrielles pourries. Les moins favorisés de Maurice peuvent être associés à l’accueil et à l’accompagnement social des travailleurs étrangers. Mais pour faire preuve d’intelligence et de cœur, surtout de cœur, il faut tous les matins, se rappeler que nous avons, presque tous, au moins un ancêtre qui est venu dans ce pays dans l’espoir d’une vie meilleure. Si ce n’est d’une vraie vie.