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En attendant Chagos

7 mars 2010, 05:50

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Une tempête dans un verre d’eau, suis-je tenté d’écrire après avoir étudié la nouvelle affaire Chagos.

Le chef du gouvernement et le leader de l’opposition rivalisent de trémolos pour dire leur colère à l’égard de la Grande-Bretagne, taxée – c’est toujours facile – de perfi die. La décision du gouvernement britannique de proposer une consultation publique sur  l’opportunité de créer un immense parc marin dans l’archipel des Chagos est présentée comme un complot visant à saper la revendication mauricienne de souveraineté. On ajoute que ce projet risque de compromettre un éventuel retour des Chagossiens dans leurs îles.

La duplicité passée de la Grande-Bretagne et le manque de vision de nos propres chefs politiques d’hier incitent sans doute les dirigeants actuels à la plus grande vigilance. Tant mieux ! Mais il n’est pas utile pour autant d’exhiber de faux contentieux au point de prendre le risque de nuire aux intérêts à long terme de tous.

Au vu du dossier, rien ne permet d’attribuer de sinistres intentions aux autorités de Londres. Il est même réconfortant de constater que les discussions qui se déroulent entre divers organismes britanniques n’escamotent aucunement l’existence du litige concernant la souveraineté sur l’archipel et le recours des Chagossiens devant la Cour européenne des droits de l’homme. Le compte-rendu de la réunion qui a eu lieu au « National Oceanography Centre » note que le projet de parc marin devra tenir compte des enjeux humains et notamment des questions « d’éthique, de juridiction et de défense » et que des « discussions formelles » sont prévues avec le gouvernement mauricien. « Toutes les discussions se sont déroulées sous réserve des conséquences des débats devant
la Cour européenne des droits de l’homme, c’est-àdire que tout en notant la position du gouvernement britannique, la conférence « made no assumptions with regard to the possibility of future re-settlement of any of the currently inhabited BIOT islands », precise le document.

La position du gouvernement britannique a été rendue encore plus transparente par une déclaration du chef de la délégation du « Foreign and Commonwealth Office ». Sous le libellé « incertitudes politiques », le rapport de la conférence note que le gouvernement britannique a précisé sa position par rapport notamment aux revendications de       souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, même si c’est pour affirmer qu’« aucune modifi cation des arrangements existants n’est prévue dans un proche avenir ».

Les intérêts de Maurice sont également protégés par la prise de position dûment  enregistrée d’un certain nombre de participants arguant que la planification de la création du parc marin « ne doit pas empêcher la réinstallation et/ou le retour possible de toutes ou de certaines des îles sous la juridiction mauricienne ». C’est une posture qui ne justifi e nullement les accusations de mauvaise foi du ministre mauricien des Affaires étrangères, même s’il peut s’appuyer sur quelques scientifi ques britanniques écervelés plus chagossiens que Charlésia…

Vraiment, il faut éviter que la lorgnette politicienne du moment remplace la longue vue de nos intérêts à long terme.

Et à long terme, l’existence d’un parc marin autour de l’archipel des Chagos, au coeur de l’océan Indien, est une excellente initiative. Les écosystèmes des Chagos sont considérés comme exceptionnellement sains et de grande importance, comme une réserve de biodiversité. C’est ce qui a poussé l’« International Union for Conservation of Nature » à soutenir le projet, malgré les protestations, en soulignant qu’ « indépendamment des possibles développements futurs par rapport à la question de souveraineté et de réinstallation dans l’archipel des Chagos, cela est au bénéfice de tous les partenaires dans la situation présente, et pourrait être ajusté à l’avenir si et quand les Chagossiens se réinstallent dans l’archipel. »

C’est du bon sens. Trop simple ?