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Dictateur, dégage!

18 janvier 2011, 00:00

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La Tunisie a fini par se libérer d’une dictature qui était en place bien avant Ben Ali. Les dirigeants du monde musulman, et arabe surtout, sont avertis. Leurs alliés stratégiques en Occident ont peur. De quoi, au fait ?  Les manifestants ne font que demander de l’eau, du pain, des emplois.

Rien de plus légitime.

Ils en ont marre de la corruption des gouvernants et des proches de ces derniers qui dilapident les biens de leurs pays. Ils veulent aussi, et surtout, la liberté…

Sommes-nous à la veille d’une grande révolution pacifique, d’un vent de changement venant du peuple qui souffle d’un bout à l’autre du monde musulman ? Il faut l’espérer de tout cœur et prier pour que les militaires, comme les influences étrangères, ne se mettent pas sur le chemin de la liberté.

Il ne faut pas que l’Occident brandisse le spectre de l’islamisme afin de justifier le statu quo. Les citoyens du monde musulman, comme ceux de n’importe quel autre pays, ont le droit de choisir ce qu’ils veulent.

Cet espoir de liberté, les musulmans du monde entier doivent le partager et s’engager, là où ils sont, dans une réforme de leurs sociétés respectives.  Avec d’autres citoyens, musulmans ou non, ils doivent défendre la justice pour tous, la dignité humaine et la liberté en toutes circonstances. Ils doivent résister à toutes formes de corruption, quelle soit économique, environnementale ou sociale. Ensemble, ils doivent donner sens à une éthique du développement et du progrès, qui place, résolument, au centre l’intérêt des plus vulnérables. 

Nous ne pourrons faire face de manière radicalement différente aux grands problèmes de la planète, allant de la crise financière aux conflits du Proche Orient en passant par le changement climatique et l’endettement des pays pauvres, que si nous adoptons une autre vision du monde.  Or, jusqu’ici, on a trop souvent échoué parce que les politiques ont fait de l’économie dominante, des intérêts des plus forts ou encore de la préservation de certaines idéologies ou institutions leurs priorités absolues. En rendant le pouvoir aux peuples, ce qui ne s’est presque jamais fait dans le monde musulman mais aussi dans d’autres pays, nous serons en mesure de changer la façon de tourner du monde.  «Pour le pire», diront les plus cyniques. A ceux là, on ne peut que répondre en remarquant que  la peur ne vaut rien face au désir de liberté. Et ceux qui  ont été privé de cette dernière depuis des décennies ont déjà fait leur choix.

Le premier contact du monde musulman avec l’Occident transforma profondément la face du monde. La révolution tunisienne inaugure, peut-être,  une nouvelle ère. Au lieu du clash que craignent certains, toujours le mêmes,  il faut y voir l’opportunité d’un épanouissement nouveau dans le respect des peuples, d’un engagement commun au service des plus faibles,  d’une  mondialisation toute autre fondée sur  des valeurs universelles partagées.

 La méfiance, la haine et l’intolérance ne seront plus des instruments aux mains de dictateurs corrompus et leurs alliés – tribaux ou pseudo-religieux ici, économiques ou politiques là-bas  – le jour où le jour où le monde musulman prendra son destin entre ses propres mains.