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Destruction inacceptable de notre patrimoine scientifique, le MSIRI

11 avril 2012, 00:00

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La recherche sucrière à Maurice va connaître un de plus profonds bouleversements de son histoire, commencée en 1893. Le MSIRI, ce joyau de la recherche, une institution de renommée mondiale qui a contribué depuis 1953 au succès de l’industrie sucrière, est en péril depuis l’avènement, le lundi 19 mars 2012, du MCIA (Mauritius Cane Industry Authority). Cette nouvelle institution va regrouper toutes les «Service Providing Institutions» financées par le «cess», une taxe sur le sucre vendu.

Si l’idée de centralisation et de rationalisation d’institutions servant le même secteur est, en elle-même, bonne, le gouvernement a ici totalement confondu un entrepôt de sucre (le Bulk Sugar Terminal) ou un provider de machines agricoles(le SPMPC) avec le MSIRI, institut de recherche connu dans le monde entier, du Brésil à la Louisiane, de l’Europe à l’Afrique. Nous détruisons ici une institution de valeur, pour rien c’est un acte de sabotage du patrimoine national !

Jamais les Etats-Unis ne détruiront d’un trait de plume Harvard ou le MIT il serait impensable en France de fermer la Sorbonne ou l’Institut Pasteur ou en Angleterre de merge l’université d’Oxford ou le LSE avec un petit collège de campagne en envoyant une lettre a tout le personnel leur disant qu’à partir de ce jour, ils n’existent plus entant que tel. Proposez au Bengale de fermer le Santiniketan de Tagore ou à Paris de fermer l’Académie des Sciences et vous verrez les réactions d’auto-défense immédiates ! Le rôle de la recherche est crucial, aujourd’hui plus que jamais, pour rendre l’industrie de la canne efficiente, innovatrice, durable. L’industrie cannière de Maurice se doit de faire face aux défis actuels – mondialisation, compétition, baisse de revenus.

Le MSIRI, depuis 59 ans, a pleinement joué son rôle, en proposant des solutions et des innovations dans tous les aspects de la culture de la canne et de la technologie sucrière, culture vivrière en interlignes de cannes, biotechnologie etc. L’industrie et le pays tout entier en ont profité. Cette institution, reconnue à travers le monde sucrier, comme un centre d’excellence, est un des joyaux de notre pays.

Pourtant, dans quelques jours, le MSIRI va se retrouver avec un personnel réduit, et une administration différente. Le savoir-faire, les connaissances acquises sont irremplaçables. De plus, cette institution va perdre son indépendance et se fondre dans la MCIA. Non seulement, la recherche va être privée d’un certain nombre de ses chercheurs, mais plus grave encore, le programme de recherche et développement du MSIRI sera-t-il déterminé par des gens compétents en agronomie de la canne à sucre et technologie sucrière ? La recherche ne peut être assujettie à d’autres lois que celles de la science. Sans compter que dans cet exercice, le gouvernement a encore une fois, à notre avis, «fané» dans ses nominations, comme il l’a fait récemment pour un autre institut de renom.

Ce non-respect de la recherche scientifique est déplorable, une décision du gouvernement prise pour des raisons obscures, sans avoir vraiment pris conseil auprès de scientifiques et chercheurs de renom à Maurice ou ailleurs. L’autonomie à ce niveau est primordiale, car la recherche et les résultats de la recherche doivent respecter l’intégrité scientifique. S’il faut restructurer pour rendre l’industrie plus apte à faire face aux défis qui l’attendent, il ne faudrait pas, que ce faisant, nous perdions de vue ce qui est essentiel : une recherche indépendante qui peut porter l’industrie et le pays plus haut et plus loin.