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Cousin, cousine…

6 février 2011, 05:40

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Dekole, pa kole . Cela pourrait être le slogan de la nouvelle campagne du ministère du Tourisme… et de la Police concernant les affi ches politiques dans le pays. Depuis le début de cette semaine, le commissaire de police et ses hommes ont en effet eu fort à faire. Ces derniers ont ainsi dû décoller des centaines d’affi ches à travers l’île. Offi ciellement, parce que les mentions légales ( notamment le nom de l’imprimeur et le tampon des collectivités locales) n’y fi guraient pas. Il y a quelque chose de rageant dans le fait de savoir que des policiers, payés des deniers des contribuables, ont dû être déployés pour effectuer cette tâche insipide.

Si le MMM a admis sans ambages être l’auteur de la campagne « Zot mem vandé, zot même asté » , le MSM est, quant à lui, resté plus évasif. Ce qui est certain, c’est que le Parti travailliste, à travers sa responsable de communication, Nita Deerpalsing, a assuré à Radio Plus ne pas être à l’origine du slogan « Kouzin kouzine pe tapp plein » . Qui visait à rappeler le rôle du leader du MMM, Paul Bérenger, dans le « mari deal » d’Illovo en 2001, quand il était ministre des Finances.

La police, qui a agréablement surpris plus d’un par sa célérité et son étonnante capacité à cueillir une vingtaine d’évadés en quelques jours, peine cette fois- ci à retrouver le ou les personnes à l’origine de la déferlante d’affi ches dans le pays. Aucune contravention n’a été dressée. Aucun suspect traduit en justice. L’affaire a donc été déchirée... sans suite. Pourquoi ? C’est que quelque part, la querelle à laquelle se livrent le MMM et très probablement le MSM, par affi ches interposées, est stérile et risible. D’abord parce que les auteurs de la campagne « kouzin, kouzine » manquent de jugeote. Pravind Jugnauth et Maya Hanoomanjee n’étaient- ils pas respectivement ministre de l’Agriculture et haut fonctionnaire du même ministère en 2001 quand le « mari deal » d’Illovo a été conclu ? Tandis que sir Anerood Jugnauth, alors Premier ministre, endossait l’entière et pleine responsabilité politique de cet accord. S’il y a eu maldonne, si des « kouzin, kouzine » ont effectivement touché le jackpot, les Jugnauth et Hanoomanjee ne sont- ils pas donc carrément complices d’une opération visant à faire profi ter des proches du régime d’alors de la générosité de l’Etat ? Au pouvoir depuis juillet 2005, le Parti travailliste a eu amplement le temps d’étudier les tenants et aboutissants du deal Illovo. On peut donc présumer que si – revanchard comme il est – Navin Ramgoolam n’a pas jugé utile de remettre en cause le deal de 2001, c’est que celui- ci n’est pas fondamentalement contraire aux intérêts de l’Etat. Au pire, c’est une bonne affaire pour les sucriers ayant cédé leurs terres. Là encore, ces choses- là arrivent en affaires.

Ce qui arrive moins souvent, par contre, c’est qu’un acheteur soit mécontent du prix trop bas que lui propose le vendeur. Et qu’il demande que celui- ci soit réévalué… à la hausse. C’est à peu près ce que Paul Bérenger dit détenir, entre autres, comme information autour du rachat de la clinique Medpoint par l’Etat. Mais on peine à comprendre la parcimonie avec laquelle le leader mauve distille ses informations.

La stratégie politique de Paul Bérenger est en effet très fl oue. Pourquoi n’a- t- il pas remis les preuves et informations en sa possession à l’ Independent Commission against Corruption ? Pourquoi n’a- t- il pas rendu public les pièces qu’il détient et qui tendent à démontrer que l’opération d’achat est entachée de soupçons de confl its d’intérêts ? Attend- il patiemment la rentrée parlementaire du 22 mars – cela revient à patienter près de deux mois – pour réclamer des éclaircissements à travers une Private Notice Question ? Des cadres du MMM affi rment que tout cela fait partie d’une stratégie bien pensée. Elle est, en tout cas, diffi cile à comprendre. Ce que nous pensons, par contre, c’est que Bérenger est sans doute un grand nostalgique. Voire un grand opportuniste. Pratiquant du « tout est possible » en politique, il se peut encore que le leader du MMM songe à un raccommodage avec le « ti frère » Pravind Jugnauth ou avec « l’ami » Navin. C’est peut- être cela, le « mari deal » auquel aspire Paul Bérenger. 
 
 
 

 

Rabin BHUJUN