Publicité

Cité-Etat ou Maurice dans tous ses états

14 octobre 2010, 09:31

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Sommes-nous à ce point complexés pour porter au pinacle le modèle singapourien et espérer ressembler un tant soit peu à cette cité-Etat ? Voilà une nouvelle idée, lancée à l’emporte-pièce, après le seafood hub, la cyber-île, le knowledge hub, la duty-free island, et l’île durable ; voici donc l’île-cité. Et à quoi tient-elle au juste cette île-cité ? En quoi pourraitelle reprendre des éléments du parcours enviable de Singapour ?

Manifestement, la construction à tous crins de centres commerciaux à travers l’île (près de 10 construits ou en passe de l’être sur quelques kilomètres entre Phoenix et Bagatelle), de projets résidentiels haut de gamme (donc hors de portée de la plupart d’entre nous), d’hôtels sur le littoral, suffirait pour être sur la rampe de lancement. Et vous, cela vous tente une île-cité, urbanisée à l’excès, où le simple fait d’aménager un petit espace vert est faire preuve d’un écologisme citoyen exemplaire ?

Singapour a un taux d’urbanisation de 100% alors que 42% de la population mauricienne est urbaine. Notre pays, avec une superfi cie bien supérieure et surtout une surface agricole utile vaste bien qu’en mutation, ne pourra, malgré la marge, devenir une île-cité. Les conséquences funestes d’une telle vision sont réelles : impact sur le tourisme balnéaire, sur l’environnement d’une manière large, risque d’un accroissement significatif des inégalités (plus criantes actuellement à Singapour qu’à Maurice), pression accrue sur les ressources en eau, l’énergie, et plus lourde dépendance sur les denrées alimentaires importées.

Au fond, que voulons-nous ? Faire de la «Divine île Maurice» un centre urbain insulaire prêt de couler? Ou plutôt opter pour un parcours propre, tenant compte des aspirations des Mauriciens, des réalités géographiques ? Le gris du béton est-il plus sexy que le vert tendre des arbres ?

On tâtonne depuis que la diversifi cation des revenus ayant fait notre succès brinquebale. Alors, on ouvre nos portes et on offre nos terres à prix d’or tant que les investissements directs étrangers gonfl ent les caisses et les chiffres. Et après ? Le Mauricien lambda se console sur un bout de terrain trop petit pour lui ou dans les galeries marchandes où tout coûte un bras.

Il faut bien croire qu’il y a du complexe dans l’air pour singer à ce point le style de vie des classes aisées des pays développés, pour se raccrocher à des ambitions inadaptées et hâtives, pour faire dans le slogan plutôt que de défi nir un plan novateur, concret, respectueux d’un style de vie mauricien.