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Changement d’ère…

11 novembre 2012, 09:25

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Doit-on cesser de prêter attention à la présentation du Budget ? C’est la question que l’on peut se poser après le discours de Xavier Duval de ce vendredi. Tant il a déçu aussi bien dans la
forme que dans le fond.

L’état de grâce de Duval est révolu depuisun an. A la même époque l’année dernière, on trépignait d’impatience à l’idée de découvrir la réflexion d’un ministre des Finances présenté depuis des années comme étant (trop) pro secteur privé. Ce dernier – agréable surprise– s’était alors révélé bien plus porté sur le social qu’on ne l’aurait imaginé. Un an plus tard, on ne pouvait décemment s’attendre à une autre surprise.

Ceux qui ont eu la patience de suivre les deux heures du discours du Budget ont donc eu du mal à gérer leur ennui. Dans la forme, Duval ne dispose en effet ni de la froide maîtrise technique de Rama Sithanen et encore moins de l’enthousiasme communicatif de Vishnu Lutchmeenaraidoo. A tel point qu’un petit jeu surprenant s’est joué dans la galerie des invités. Un petit papier a en effet circulé entre quelques mains dont celles de grands pontes du privé. Un message improbable y était gribouillé : « Toi aussi tu t’endors ? »

Le secteur privé, le Joint Economic Council en tête, a sans surprise adopté une attitude diplomatique face au Budget 2013. Se contentant de se féliciter de certaines measures tout en évoquant « quelques craintes ». En vérité, ils sont nombreux à ne pas avoir saisi la philosophie globale du discours de Duval.

D’habitude, l’idée force d’un budget est déclinée sur des dizaines de paragraphes et souligne un ensemble d’objectifs économiques,sociaux et parfois politiques à atteindre. Rien de tel ce vendredi. Des mots clés (jeunes, informatique, Afrique) ont certes été disséminés ça et là. Mais on peine à identifi er clairement les concepts et à comprendre comment ils s’imbriquent les uns dans les autres. Même le très moyen Pravind Jugnauth avait réussi, en son temps, à transmettre sa volonté de doper la consommation à travers sa « Duty Free Island » et la protection des intérêts d’une certaine classe moyenne.

Pour la parade, Duval dispose, lui, de propositions « nouvelles » qui ne sont souvent que la mise en oeuvre de politiques déjà établies voire, dans certains cas, qu’un avatar de mesures déjà annoncées. C’est notamment le cas de la très remarquée offer d’une tablette tactile par adolescent en Form IV. Cette mesure ressemble étrangement à une remise au goût du jour du « one laptop per child » qui existe depuis 2010.

Même l’annonce forte d’un repas chaud journalier pour chacun des 20 000 élèves des écoles ZEP n’échappe pas à notre interrogation. Cette mesure a-t-elle été pensée, mûrie puis proposée ? Où n’estce là que l’effet d’aubaine de l’implantation d’un important acteur international de la restauration collective à Maurice ? La très louable rigueur comptable dont le ministre des Finances s’enorgueillit n’échappe pas non plus à la critique. Car Xavier Duval omet de dire que la réduction du déficit budgétaire a été rendue possible par… l’inaction du gouvernement. Celui-ci n’a,en effet, pas dépensé près de Rs 9 milliards de dotations prévues pour l’année 2012. Un pactole facile à réinvestir en 2013…

Donc, que conclure du semi-fl op de vendredi ? Que Xavier Duval et son staff ont été incapables de trouver de vraies idées ambitieuses ? Ou alors, que l’ambition et les moyens fi nanciers nécessaires pour les mettreen oeuvre ne peuvent être de sortie dans le contexte de crise et de morosité actuelle ? C’est peut-être une combinaison des deux facteurs. Il n’y a plus qu’à attendre l’année prochaine pour le savoir. Non sans prendre une précaution,cette fois-là : ingurgiter trois tasses de café avant d’écouter le discours du Budget !