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Catalogue de dérapages

5 décembre 2008, 12:25

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L''entretien d'une caste d’affairistes coûte cher, très cher au pays. Passons sur les courtisans du pouvoir qui se partagent des postes que, souvent, ils ne méritent pas. Intéressons-nous plutôt au gaspillage énorme de ressources dont le rapport de l’audit fait état cette année encore. Il serait trop simple d’avancer des explications techniques pour justifier ces dilapidations de fonds publics. Le problème est éminemment politique. 

Le constat sans complaisance de Rajen Jugurnath, Vérificateur général des comptes publics, est net. Nous continuons à jeter l'argent dans un gouffre sans fond. A qui profite le crime ? On n’a pas besoin d’aller chercher bien loin pour savoir qui sont ces profiteurs qui s’enrichissent sur le dos des contribuables. Il s’agit de ces fainéants qui vivent des largesses accordées par leurs protecteurs au pouvoir, de ces agents qui demandent à être  engraissés par leurs parrains politiques, et de la bande d’opportunistes qui peuplent les administrations publiques et parapubliques  le temps d’une législature.

Certes, tous les partis qui se sont succédé au pouvoir ces dernières décennies ont privilégié les éléments de leurs écuries mais le mal a atteint son comble depuis peu. Pour la majorité actuelle, ce n’est pas l’Etat efficace qui compte. C’est l’Etat travailliste qui doit primer.
 
Beaucoup des  projets mal gérés, mal exécutés, non conformes aux standards et  sans suivi que les vérificateurs ont dénoncé découlent principalement de la corruption au sein de l’Etat. Le rapport sur les comptes publics évoque, à plusieurs reprises, l’absence d’un appel d’offres approprié avant l’octroi d’un marché public.
La corruption engendre des dépenses supplémentaires que doivent supporter les contribuables. A la lecture des dérapages des budgets de certains ministères, nous comprenons mieux pourquoi les institutions internationales de financement parlent régulièrement du cout de la corruption dans les pays mal gouvernés.

Le catalogue de gaspillages compilés par les services de Rajen Jugurnath jette un éclairage très utile sur l’inefficacité de la gestion de nos ressources financières. Relevons-en quelques exemples. Les coûts de projets de tout-à-l’égout ont plus que doublé à cause des retards dans l’exécution des travaux. A Plaines Wilhems, le cout est passé de Rs 2 milliards à Rs 7 milliards. Aux Administrations régionales,  les retards dans les allocations de contrats ont coûté Rs 67 millions. Six ans après l’acquisition d’un incinérateur par le judiciaire, l’appareil n’a toujours pas été installé. La climatisation et les installations électriques d’un bureau officiel étaient estimées à Rs 36 millions, mais les travaux ont finalement coûté Rs 90 millions, etc.

Depuis la publication du rapport, des apologistes du pouvoir tentent d’avancer des raisons techniques pour justifier les dérapages des dépenses publiques. Les uns parlent de système de gestion mal adapté, les autres de manque de contrôle de la part des cadres moyens de la fonction publique. Pourtant, ce n’est pas un  contrôle de gestion qu’il nous faut. Réclamons plutôt un  contrôle de la moralité.


Que pensez-vous du rapport de l'Audit? Raj Meetarbhan vous répondra.