Publicité

Budgetainment

14 novembre 2012, 07:20

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Dans notre pays en manque de loisirs, la présentation du budget de l’État est devenue un des divertissements de la nation, noté pour divers motifs. Du buzz provoqué dès les premières affiches au souper d’après spectacle des experts-comptables, en passant par le grand one man show, le plus bruyant des cinq-à-sept, notre société s’offre plaisamment à ces jeux de rôle, se livrant aux commentaires d’experts, le bazar et les joggings du lendemain ponctués de moult «alors, bidze-la ki dir ?» Or, les plus grands acteurs le savent : il est risqué d’accepter le premier rôle d’une pièce souvent mise en scène auparavant. En effet, le célèbre monologue «Mr Speaker, Sir, I move that the Appropriation Bill be read a second time», a été lancé sur cette même scène par au moins deux grands artistes inoubliables. Et le public a sans doute eu le sentiment qu’il n’en avait pas pour son argent avec le Remake 2013.

Mais on ne peut pas se contenter de réclamer du spectacle. Certes, on peut se faire plaisir et imaginer comment Vishnu Lutchmeenaraidoo aurait mis en scène son annonce finale de No Tax Budget ; certes, c’est bon de s’agiter les neurones et il n’est pas interdit de se dire que Rama Sithanen aurait engineer une quelconque corrélation entre un chapitre de discipline budgétaire et la croissance. Reste qu’il faut faire avec un budget qui présente un certain nombre de mesures fort intéressantes mais sans les accompagner d’un réel argument de vente. Soustraire nos voisins africains de l’obligation de visa et offrir cinquante bourses à des étudiants du continent ne sont pas des mesures électoralistes et il restera sans doute aux ministres, lors des débats budgétaires, de mieux mettre en valeur des mesures annoncées presque à la sauvette par le ministre des Finances.
Le dispositif financier de l’Etat et la stratégie économique du pays ne peuvent pas être redéfinis tous les douze mois. Un moment vient où un pays peut considérer qu’il a suffisamment réformé ses outils et qu’il n’est plus nécessaire de les modifier. Ce moment est-il arrivé à Maurice ? Suffira-t-il que nous enregistrions 4% de croissance l’année prochaine pour croire que la machine est au point ? C’est là, peut-être, même sans requête de spectacle, que se glissse le risque de la démission intellectuelle.