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Best-winner system

30 décembre 2011, 00:00

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Il y a une impression que le best-loser system est unanimement demandé par la communauté musulmane. Qu’il sert à protéger ses intérêts uniquement. Qu’il n’a bénéficié qu’aux musulmans. Que sans ce mécanisme, l’avenir des musulmans est en danger.

Or il n’y a rien de plus inexact. Les faits démontrent que même la communauté dite « majoritaire » a eu son député correctif dans le passé. Que la plus vilaine manipulation du système a été faite lors des dernières élections en abusant de l’appellation de « population générale ». La première fois lors des élections, ensuite d''''une façon informelle quand les ministres étaient désignés. Un candidat sino-mauricien récoltant une seule voix seulement aurait pu faire son entrée au Parlement… s’il était sous la bannière de l’ex-parti de Dieu. Et qui peut affirmer que les députés correctifs de la communauté musulmane ne font que servir celle-ci uniquement, ou même un peu ? Une fois élus, comme les autres députés, ils sont d’abord au service de la nation.

En théorie, tout au moins…

Une histoire vraie. Un candidat à une élection récente était de foi musulmane, mais sa conversion n’était pas connue du public. Il arborait toujours son nom de naissance et vivait sa conversion pleinement, mais discrètement. Et il lui était demandé de préciser ‘sa’communauté sur la fiche d’inscription des candidats ! Aucun besoin de savoir la fin de l’anecdote, mieux vaut chercher ce qu’il adviendra de notre système démocratique…

Ceux qui veulent défendre le best-loser system devraient aussi le faire pour le Muslim Personal Law. Cependant, nous ne les entendons nullement sur ce sujet. A quoi bon d’avoir un député correctif musulman qui ne défend pas le MPL ? Nous ne pouvons prendre une partie d’une logique d’un autre contexte parce qu’elle nous convient et négliger le reste. Les subventions aux mosquées viennent d’être réduites et aucun député, musulman ou non, n’a protesté. Finalement, ce sont les politiciens eux-mêmes qui ont le plus besoin du best-loser system.

Il ne faut surtout pas croire que la communauté musulmane dans son ensemble veuille sauvegarder le best-loser system. Franchement, le moins on en parle, c’est mieux car les vrais soucis des musulmans sont ailleurs.

Au premier chef, nous pourrons avancer que c’est la méritocratie qu’il nous faut, en toute transparence et sans aucune machination. Il n’y a qu’à voir les promotions annoncées au sein de certains organismes ou encore le recrutement au sein d’un certain secteur privé pour se rendre à l’évidence que le communalisme infect pullule dans notre société. Contrairement à ce que certains croient, le best-loser system ne changera pas cette réalité, pire il lui apportera une légitimité institutionnelle.

En Inde, cette logique pousse certains à proposer jusqu’à un quota à l’intérieur d’un autre quota tout simplement afin d’amadouer une certaine communauté. La réalité sur le terrain, par contre, ne change pas. Or si la discrimination positive est acceptable, elle doit se faire en faveur explicitement de groupes sociaux vulnérables, en terme de revenues par exemple, et non d’appartenance religieuse, ethnique ou autre critère de couleur ou de caste.

Il nous faut résolument choisir notre avenir et refuser un paradigme qui est dépassé. Respecter le passé, c’est aussi agir comme nos illustres prédécesseurs auraient fait s’ils étaient à notre place.

Le conservatisme aveugle n’est pas l’héritage que nous devons léguer à nos enfants. Il faut éviter le piège bassement politique de certains, et il faut avoir un discours clair. Je suis certain de ne pas être le seul musulman contre le best-loser system. Et se prononcer contre ceci n’est nullement contraire aux principes de ma foi. Bien au contraire…