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Autour d’un sondage fictif

16 octobre 2011, 03:30

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Politique fi ction. Imaginons qu’un sondage organisé aujourd’hui même établisse avec clarté les rapports de forces politiques du moment. Admettons que l’étude donne 50% d’intentions de vote au Parti travailliste et 30% au MMM. Enfi n, soyons généreux, quelque 4 points au MSM. A priori, cette photographie de l’opinion serait surprenante. Elle démolirait la thèse du MMM et du MSM selon laquelle le gouvernement et Navin Ramgoolam sont « plus impopulaires que jamais ».


Poursuivons, en supposant que ce sondage consacre Navin Ramgoolam comme le seul Premier ministre légitime aux yeux de deux Mauriciens sur trois. Passé l’incrédulité face à ce résultat, regardons le fond de l’affaire. C’est d’abord une question d’hommes. Ceci explique d’ailleurs cette conclusion-là.


Attelons-nous à comprendre pourquoi ce sondage qui n’existe pas consacre Navin  Ramgoolam. Pour cela, il suffit de passer en revue sa concurrence. Parmi elle, se dresse un challenger à qui l’opinion publique semble avoir remis, en viager, la fonction de leader de l’opposition. Un bambin politique, à la popularité et la crédibilité insignifi antes, complète le tableau. Par défaut ou par K.-O., Ramgoolam gagne face à eux.


Une telle photographie hypothétique de l’opinion serait assez similaire à celles qui ont pu être prises depuis début 2010. A la veille des dernières élections générales, des études  commandées par Navin Ramgoolam lui-même et des entreprises indépendantes avaient, en effet, livré sensiblement les mêmes conclusions.


Notre sondage a toutefois une valeur ajoutée: il démontre que post-Medpoint, malgré l’affaire Khamajeet et en dépit de l’éclatement de l’alliance de l’Avenir, les rapports de forces politiques sont restés à l’avantage de Navin Ramgoolam. Probablement parce que sa stratégie
consistant à rester au-dessus de la mêlée politique, tout en faisant sauter régulièrement des fusibles, a été payante.

Admettons désormais que tous les leaders politiques prennent connaissance de cette enquête d’opinion. Et qu’ils soient convaincus de la justesse de ses conclusions. Quelles suites donneraient-ils à leur action et à leurs stratégies politiques?


Ramgoolam pourrait d’abord se demander s’il ne serait pas souhaitable qu’il aille tranquillement jusqu’au terme de son mandat en 2015. En essayant de débaucher au passage un ou deux des 37 députés de l’opposition. Histoire d’être plus tranquille au Parlement.


Mais une opposition unie pourrait malgré tout user sa popularité. A la faveur d’un ou deux autres « méga scandales » qui ne demandent qu’à éclater au grand jour. Pourquoi donc fermer les portes quand on peut en laisser une ouverte. Et quitte à faire cela, mieux vaut choisir de la laisser entrouverte pour celui qui dispose d’une vraie assise électorale : Bérenger. Pravind Jugnauth n’a pas beaucoup de choix stratégiques. Déjà, il doit se réconcilier avec le fait qu’avec un score aussi bas, il est un poids plume sur l’échiquier politique et ne dispose d’aucun joker dans une quelconque négociation. Lui, non. Mais son père peut-être…


Toutefois, que permettrait réellement un retour de l’empereur soleil ? Faire passer la cote du parti de son fils de 4 à 8 points ! Le MSM pourrait alors prétendre représenter une réelle force de nuisance contre Ramgoolam. Mais pas encore une force d’alternance. Jugnauth fils réaliserait très vite qu’il lui faut une double bouée de sauvetage. Celui du Père Anerood… et du frère…Paul.


Mais qu’en penserait Bérenger ? Oui, le sondage démontre que son parti a une assise. Mais bénéfi cier de celle-ci en étant au pouvoir vaut toujours mieux que d’en disposer en étant dans l’opposition. La réunion des deux frères avec la bénédiction du Père pourrait bien faire quelques étincelles dans les urnes. Mais il faudra vraisemblablement attendre 2015 pour cela. L’alchimie entre frères et la santé tiendront-elles d’ici la ? Et surtout, les étincelles des urnes seront-elles suffi samment vives pour mettre le feu à la maison travailliste dans une prochaine joute électorale ? Pas si sûr…


Ce qui est certain. C’est qu’un Ramgoolam encore populaire mais heureusement pas tout-puissant peut être un allié naturel pour Bérenger. Leurs forces parlementaires conjuguées réussiraient à concrétiser n’importe quel amendement constitutionnel visant à créer un  nouveau mode de partage du pouvoir. Les apports électoraux des deux partis permettraient, eux, de reconduire une majorité parlementaire qui n’aurait rien à envier à celles de 82, 91 ou 95. L’un pourrait régner du château, l’autre, hyperactif, pourrait enfin donner l’impression de passer 25 heures par jour à travailler et à changer le pays. En somme, la formule parfaite.


Il y a vingt ans naissait la formule « Win with Navin ». En 2005, Bérenger avait découvert une « Winning Formula ». Et si ce sondage théorique… appelez le bidon… débouchait sur une « Win with Navin Winning Formula » Il resterait seulement à déterminer dans quelle mesure cette formule, qui servirait à merveille les intérêts de deux hommes, serait à l’avantage des 1 299 998 autres Mauriciens.