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APE : Maurice en sort gagnante

30 novembre 2011, 08:43

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La mondialisation du commerce n’a pas que des méfaits, comme veulent nous le faire croire les « anti- tout » . Certes, elle deplace les pôles industriels et cause des délocalisations au nom de la sacro- sainte rentabilité.

Mais les victimes de ces mouvements industriels doivent aussi, sans doute, se remettre en cause, et songer à leurs avantages salariaux et sociaux, qui peuvent paraître démesurés aux millions d’Asiatiques et d’Africains qui ne vivent qu’avec l’équivalent d’un dollar par jour. Et encore… Certes, la mondialisation des échanges commerciaux doit se faire dans un cadre civilisé, où chaque accord est négocié, à la virgule près, par les parties prenantes. C’est ce type de négociation qui se joue à Maurice depuis lundi entre l’Union européenne et la sous- région « Eastern and Southern Africa » ( ESA), dont Maurice fait partie.

A la clé, il y a un « Economic and Partnership Agreement » ( EPA) négocié et réciproque entre l’Union européenne et des sous- regions émanant de ce qui fut pendant longtemps le bloc Afrique, Caraïbes, Pacifi que ( ACP). Si Maurice a su tirer profi t, voire le maximum, de cet accord qui a permis au secteur sucre d’irriguer le développement économique, tel n’est pas le cas pour tout le monde.

Certains ont cru que Lomé serait éternel et n’ont pas su diversifi er leur base économique. Ils végètent encore dans le sous- développement. Ils n’ont pas compris que la face du monde a changé et que les contribuables européens seraient un jour fatigués de payer leur sucre plus cher qu’ils ne devraient et que fi nancièrement le budget européen alloué aux ACP devient démocratiquement indéfendable.

Quand il y a le feu chez soi, on ne va pas éteindre chez le voisin d’abord.
En tout cas, tel qu’il se dessine au premier abord, l’EPA n’est pas ce monstre à trois têtes qui nous faisait si peur. C’est plutôt l’incertitude qui faisait peur. Mais maintenant qu’on est en plein dans le processus de négociation, la délégation mauricienne ose dire à voix basse que Maurice en sort gagnante.

Tout d’abord l’aspect asymétrique de l’accord est une valve de sûreté qui nous permet de nous préparer à l’ouverture de notre marché complètement en 2022. Nous ne serons pas envahis dès demain par les produits européens.

Une autre facon de voir les choses est de nous dire que nous sommes déjà envahis par des produits « Made in China » de qualité médiocre. Même nos dodos artisanaux sont produits en Chine.

Alors si l’ouverture de notre marché nous permettra de diversifi er nos sources d’approvisionnement par des produits allemands dont la réputation n’est plus à faire, qu’a- t- on à y perdre franchement ? Mais le revers de la medaille risque aussi d’être intéressant pour nous. Les règles d’origine seront assouplis afi• que nos vêtements puissent avoir un accès « duty free » sur le marché européen suite à une seule transformation. On pourra importer du tissu et se contenter d’en faire des vêtements pour entrer sur le marché européen.

Jusqu’ici les Européens exigeaient une double transformation.

Il nous fallait importer du fi l, tisser notre tissu, confectionner nos vêtements puis les exporter. Cet assouplissement des règles d’origine a le potentiel de relancer l’industrie du textile- habillement qui se rétrécit comme une peau de chagrin. Et même attirer de nouveaux investisseurs. Ce serait comme un second souffl e avec un taux de chômage qui grimpe à 8 %.

 

Stphane SAMINADEN