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Air Mauritius, le bourbier

14 janvier 2009, 15:00

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Ils sont quelques-uns à avoir partagé leurs avis sur Air Mauritius avec moi.

Souvent critiques et grincheux, des observateurs et d’anciens partenaires de notre compagnie nationale d’aviation sont unanimes à admettre qu’il y a quelque chose d’essentielle qui ne fonctionne pas à Air Mauritius. Qu’est-ce? Ils nous sortent tout un chapelet de carences. A n’en point douter, ils ont raison sur l’ensemble de leurs arguments.

Mais ce qui m’agace, c’est cette étrange mystification qui entoure leurs analyses. Ils veulent bien parler mais sans être cités. Que craignent-ils finalement? Qu’est-ce qui peut ainsi terrifier, refroidir et rendre pusillanimes les hommes? J’ai retourné la question dans tous les sens et je suis arrivé à la conclusion que c’est la peur du pouvoir.

Cela pourrait étonner quelques-uns. Mais la majorité de la population le sait. Elle qui pratique si révérencieusement le culte de ses leaders politiques. A fortiori, un leader qui est Premier ministre. Lorsque ce Premier ministre tient sa prière quotidienne à la télé à l’heure rituelle du journal télévisé de la MBC, c’est à nous de nous essuyer les pieds avant de prendre place dans nos salons!

Alors, je comprends qu’on censure autant sa parole de peur de froisser le prince, quel qu’il soit. Je comprends que le pouvoir puisse autant paralyser les gens. Cela traduit essentiellement cette hantise de perdre le peu à quoi on s’accroche. Ou encore ce refus de prendre le risque de passer à côté du train d’où le prince jettera des restes de privilèges et de promotions qu’on attend désespérément.

Entre-temps, ces compagnies, comme Air Mauritius, font les frais d’un dysfonctionnement quasi chronique. Les explications qu’on en donne ne sont que des ruses de l’instant pour masquer des difficultés pérennes.

Le ministre Xavier-Luc Duval a enfin pris la parole sur ce dossier. Il fallait l’écouter. Refus de tout pessimisme. Critique des fatalistes qui annoncent la fin d’Air Mauritius. Envolée contre les observateurs qui demandent des changements structurels. A l’entendre, on croirait qu’il ne s’agit que d’une mauvaise passe que traverse la compagnie nationale d’aviation. Or, ce n’est pas une mauvaise passe seulement. C’est une passe d’engloutissement.

Le reconnaître, ce serait remettre en question un certain nombre de pratiques. Autant s’illustrer dans notre esthétique nationale: le colmatage.