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Adieu confrères

5 novembre 2013, 19:20

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Le 21 octobre 2003 Jean Hélène tombait sous les balles d’un policier en Côte d’Ivoire. Samedi, dix ans après, deux autres confrères de RFI,  Ghislain Dupont et Claude Verlon ont connu le même sort à Kidal, au Mali, aux mains des fanatiques. Tous froidement assassinés au nom d’une vengeance dont le sens nous échappe, ici, dans notre tranquillité insulaire.

 

Depuis que la brutale nouvelle est tombée, samedi, les images de Ghislaine n’ont pas cessé de défiler dans ma tête. C’est une consœur aux qualités journalistiques immenses que le destin nous enlève du jour au lendemain et qu’on regrette de ne pas avoir connue davantage et de ne pas avoir pris le temps de le faire.

 

Pour avoir travaillé très brièvement avec Jean Hélène et aux côtés de Ghislaine Dupont à RFI, Paris, et certainement croisé dans l’immense Maison de la Radio, Claude Verlon, je mesure le drame qui frappe RFI, ses correspondants dans le monde et l’ensemble de la profession, à chaque fois qu’un journaliste tombe en reportage. Encore plus dans des conditions aussi cruelles.

 

Avant d’emménager à Issy-Les-Moulineaux, RFI occupait une place centrale à la Maison de la Radio, avec ses multiples studios, bureaux et rédactions en langues étrangères.  S’il est une rédaction où l'on n’a pas le droit à l’erreur ou à des approximations c’est bien le service Afrique.

 

Du coup, la force de RFI sur le continent, elle la doit à des passionnés de l’Afrique et des hommes et des femmes d’expérience comme Ghislaine Dupont. Ghislaine, que je n’ai pas osé appeler Gigi comme ses collègues du service Afrique. Elle m’intimidait par sa force, sa voix imposante et sa façon d’aller droit au but. 

 

L’insulaire que je suis, étranger aux réalités africaines, se sentait comme un grand naïf en face d’une journaliste de cette trempe. Ghislaine me fascinait par sa rigueur, le temps qu’elle mettait à chercher, fouiller et recouper ses informations. L’autorité et la précision avec lesquelles elle enchaînait les questions auprès de ses interlocuteurs au téléphone, fussent-ils des chefs d’Etat.  Sans le savoir, elle m’a appris un précieux bout de ce métier exaltant et transmis le goût du continent.

 

Ghislaine aimait avant tout l’Afrique et le journalisme. Elle nous a quittés dans l’exercice de son métier et sur cette terre qu’elle aimait tant. Destin d’une héroïne si tant est que ça puisse nous consoler.