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7 août 2022, 12:28

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Ces propos irresponsables du ministre Bobby Hurreeram, sur le plateau tumultueux, forcément déstabilisant, de Bhai Habib Mosaheb, à l’égard des Chinois, arrivent au mauvais moment. Maurice n’est pas la Lithuanie, nous sommes bien trop faibles économiquement, nous ne pouvons pas nous permettre de traiter ainsi le géant chinois, uniquement dans une tentative de dédouaner la Grande péninsule et Narendra Modi/Pravind Jugnauth.

Le monde est bien trop complexe de nos jours, et la diplomatie bien trop compliquée, pour laisser des politicienscrétins mettre en péril l’intérêt supérieur du pays, et souiller la réputation du pays, en inversant notre longue tradition politique/ diplomatique de neutralité face aux pays de peuplement.

En ces temps de repositionnement géostratégique, dans des eaux plus lointaines que celles de l’océan Indien, les États-Unis ont déjà averti la Chine ; ils se disent prêts à répondre militairement si Pékin devait, demain, envahir Taïwan. C’est un changement majeur par rapport à la vieille politique des États-Unis d’«ambiguïté stratégique».

Taïwan affirme avoir déployé des avions de combat pour contrer 30 avions de combat envoyés par la Chine dans sa zone de défense aérienne. L’incident de lundi s’est produit quelques jours après une mise en garde du président Joe Biden. Comme Maurice considère les Chagos et Agalega comme faisant partie intégrante de son territoire souverain, la puissante Chine considère Taïwan «comme une province séparatiste, qu’elle peut prendre par la force si nécessaire». Pékin a déclaré dans le passé que les exercices visaient à protéger sa souveraineté.

Les premiers colons connus à Taïwan étaient des membres de la tribu austronésienne, qui seraient venus de l’actuel sud de la Chine, nous apprend la BBC. «L’île semble être apparue pour la première fois dans les archives chinoises en 239 après J.-C., lorsqu’un empereur a envoyé un corps expéditionnaire pour explorer la région – un fait que Pékin utilise pour appuyer sa revendication territoriale.»

Tout récemment, la visite de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, a allumé les tensions relatives à Taïwan, ce qui n’a fait que tendre davantage les relations entre Washington et Pékin, dont les secousses arrivent jusqu’à la Baie-du-Jacotet.

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«Si vous voulez aller vite, marchez seul ; si vous voulez aller loin, marchez ensemble.» C’est par ce proverbe africain que Zhu Liying, l’ambassadeur de Chine à Maurice, conclut sa lettre destinée à l’express et à ses lecteurs; lettre qui sera publiée, dans son intégralité, dans notre édition de lundi 8 août.

Le monde a profondément changé en 2001, après les attentats de New York. La Chine aussi, dans sa manière de faire, d’être. Longtemps en retrait, ou tournée vers l’intérieur, la diplomatie chinoise est devenue particulièrement active depuis une vingtaine d’années en Afrique, avec un important réseau mondial d’ambassades et de consulats. Elle a investi les réseaux sociaux – chinois et étrangers.

La réplique de l’ambassadeur chinois à Hurreeram traduit le fait que désormais, la Chine ne va plus rester tranquille. Elle affiche ses ambitions et se montre combative, en ripostant systématiquement à tout propos considéré comme critique.

L’une des premières leçons en diplomatie, c’est de s’assurer d’un niveau de langage convenable quand on communique. Souvent des relations entre pays s’enveniment à cause d’une élocution inadaptée (intonation, débit...) au décorum diplomatique, qui est à l’opposé de ce qui se pratique au Parlement des Phokeer ou Hurreeram bien de chez nous.

Être diplomate, surtout pour le compte de la deuxième puissance mondiale, ne signifie pas qu’on devrait se laisser marcher sur les pieds. La lettre de Zhu Liying en est l’illustration, surtout quand il souligne : “La coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et Maurice s’étend à tous les secteurs, l’infrastructure, le commerce, la haute technologie, l’investissement, les finances... Les projets ont directement profité aux Mauriciens en facilitant leur vie quotidienne (…) Je tiens à mentionner particulièrement la high-tech et la finance dans notre coopération tournée vers l’avenir, toutes les deux représentées par Huawei et Bank of China. La performance du numéro 1 mondial des télécommunications a contribué à mener Maurice au premier rang.”

En diplomatie, malgré les différends et la tension, il importe de garder le contrôle, y compris le contrôle de soi-même. Pas de réactions impulsives, Bobby !