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Singh Hallelujah ?

25 juillet 2022, 09:05

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Singh Hallelujah ?

Face au déferlement de documents publiés dans le sillage du Sniffing-gate et aux commentaires anti-GM qui agitent la Toile, deux ministres ont cru bon d’animer une conférence de presse hier pour défendre le Premier ministre. Ils ont concédé qu’ils ne peuvent pas dire grand-chose sur le fond de cette affaire – qui secoue le pays, tel un tsunami, depuis le jeudi 30 juin – car il y a une enquête du CCID. Et aussi parce qu’ils ne sont pas des techniciens.

Pourquoi alors tenir une conférence de presse s’ils ne maîtrisent pas le sujet, contrairement à Girish Guddoy et Sherry Singh, et se couvrir de ridicule face à l’ensemble de la presse ? Ils étaient si absurdes à la fin de l’exercice en essayant de répondre aux questions par des questions ! «Nou ousi nou kapav poz zot kestion !» ont dit les deux ministres, qui semblaient pressés de mettre un terme à leur rencontre avec la presse. Pressés, car ils jouaient sur un terrain miné en se prenant, peut-être, pour des pyrotechniciens.

Outre le fait de flatter Pravind Jugnauth pour sa «crédibilité», Hurreeram et Balgobin ont essayé de semer le doute en invoquant un soi-disant complot Bruneau Laurette-Sherry Singh-Nawaaz Noorbux. Complot, terme qui revient comme par magie à chaque fois que le pouvoir est acculé et sent que le terrain glisse.

Après l’émission de vendredi soir, marquant la troisième sortie médiatique de l’ancien CEO de Mauritius Telecom, Radio Plus et ses journalistes sont devenus les adversaires du jour du pouvoir en place. À l’express, nous sommes, par la force des événements, et au fil des scandales, rompus et blasés face aux attaques répétées et sous la ceinture des membres du gouvernement. Combien de fois mon équipe et moi (ainsi que nos proches, dont nos enfants !) avons dû subir les assauts et insultes du Premier ministre, des ministres, et de leurs ramassis de chatwa ? Cela ne nous a jamais détournés de notre mission d’information qui consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié.

Dans un journal indépendant comme celui que vous lisez, publier ou ne pas publier des documents d’intérêt public – surtout en l’absence d’une Freedom of Information Act, pourtant tant promise –, se révèle un calcul complexe et quotidien – mais passionnant et souvent déterminant. Notre raison d’être, c’est de vous informer – souvent en opposant votre droit démocratique de savoir et notre responsabilité journalistique de publier ou de ne pas publier.

Ne soyons pas dupes. Des ministres comme Hurreeram, Balgobin, Gobin, Koonjoo-Shah, Obeegadoo ou Ganoo ne vont pas démissionner car ils sont bien nourris par la dynastie Jugnauth, qui a, elle, intérêt à ne pas finir comme les Rajapaksa au Sri Lanka. Les sous-fifres des Jugnauth, qu’ils soient au sein ou en dehors de Lakwizinn, tètent goulument les mamelles du pouvoir et vont donc s’interposer devant les contre-pouvoirs en faisant leur show grotesque, quitte à ramper par terre. Chacun doit démontrer sa loyauté sans faille. Ils vont diaboliser ceux qui viennent avec des faits et discours contradictoires. Car si Jugnauth tombe, ils n’existeront plus, et ne seront plus dans la presse.

Cependant, contrairement à leurs souhaits, le tribunal de l’opinion n’attendra pas que le CCID boucle son enquête. Les huées ont déjà commencé à… Côte-d’Or. Les journalistes aussi ne vont pas rester tranquilles. Ce que nous avons vu jusqu’ici par rapport au Sniffing-gate est sans doute la mère de tous les scandales. Les faits sont gravissimes.

Les anti-patriotes sont ceux qui composent un gouvernement qui a terni, comme jamais auparavant, la réputation de Maurice. Quel investisseur voudra bien nous faire confiance avec de telles pratiques d’espionnage, surtout quand nous avons des institutions pourries et des ministres aussi bêtes que leurs pieds ? Nous avons atteint un niveau tellement bas qu’on ne peut même plus fouiller davantage.