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Le poker menteur d’anciens camarades de jeu !

11 juillet 2022, 13:44

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Des complots partout ! Si d’un côté, l’opposition accuse Pravind Jugnauth et le Speaker d’avoir comploté ensemble pour protéger le premier nommé à l’Assemblée nationale, de l’autre, c’est le gouvernement qui crie au complot orchestré par une alliance des partis de l’opposition et Sherry Singh.

Pour l’heure, la partie visible de l’échiquier politique ressemble à une manœuvre de poker menteur entre deux anciens complices : un Sherry Singh pugnace, ayant dégainé brutalement contre son ancien frère d’arme, provoquant onde de choc et révolte populaire avant de remporter une première manche. Si, pris par surprise, le Premier ministre affichait une nervosité et était, au lendemain des allégations de son ex-camarade, incapable d’être convaincant dans sa défense malgré ses accusations de mensonge envers Sherry Singh, il s’est depuis ressaisi, multiplie les sorties et passe désormais à l’attaque. 

Ayant compris que celui surnommé «Maharajah» avait sûrement des preuves d’un aval pour l’intervention d’une «third party» dans les locaux de Mauritius Telecom, Jugnauth a fini par avouer qu’il a personnellement sollicité les services des Indiens ! Sauf que ce ne serait pas pour une opération de «sniffing» comme l’allègue Sherry Singh, mais dans la perspective d’un survey ! Voilà donc un Premier ministre qui se charge de trouver des techniciens en marge d’un survey, en n’hésitant pas à s’immiscer dans les affaires d’un corps para-étatique, tandis qu’un ancien directeur d’une compagnie de téléphonie se serait, semble-t-il, trompé entre deux termes qui ont chacun une signification différente !

À écouter le ministre Gobin, venu défendre le gouvernement ce samedi, il faut constamment faire des updates pour protéger le système, et c’est là un exercice que ne peuvent faire les techniciens de Mauritius Telecom eux-mêmes ! Et l’Attorney General d’affirmer que «Misie Singh inn tom lor so latet (…)» en qualifiant son opération de «fizet» car «nanie pann arive». Une façon de faire référence à une annonce de Bruno Laurette qui avait annoncé que Sherry Singh allait donner des preuves (ce vendredi) pouvant faire tomber le gouvernement ! Une déclaration que le camp de Pravind Jugnauth n’a pas pris à la légère, le Premier ministre ayant déclaré lui-même attendre ces «éléments» qui, selon Laurette, signifieraient la fin de son gouvernement ! Rendez-vous est désormais pris pour le mardi 12 juillet sur lexpress.mu.

Entre-temps, on a assisté à une riposte entre stratèges de la communication pour répondre à l’exercice de sortie fort réussi de Singh la semaine dernière. Délaissant l’apparence fébrile qu’il avait le lendemain du passage cyclonique de Sherry Singh sur Radio Plus, le Premier ministre a endossé un costume combattif depuis quelques jours, comme pour bien faire voir qu’il ne se cache pas : Chinese Speaking Union, MRA, Urban Terminal, Accenture... Le chef du gouvernement se montre, répond aux questions de la presse et passe même à l’attaque, utilisant un ton menaçant, vendredi soir, envers ceux qui «pe fabile ek rakont zistwar, zet labou ek fer bann atak», tout en n’hésitant pas à dire qu’il y aura des conséquences.

Si Pravind Jugnauth retrouve sa force, c’est parce que Maurice n’étant pas la Grande-Bretagne, notre culture de République bananière n’incitera ni les élus de la majorité à quitter le gouvernement, ni le Premier ministre à démissionner de son poste. Ici, toutes les attitudes des «béni-oui-oui» ressemblent à celles des courtisans de la cour envers leur roi ! 

On aura revu, pour la énième fois, un Speaker bouclier, indigne de son poste, se comportant comme un bouffon, transformant notre Assemblée nationale en un cirque pathétique et dépassant toutes les bornes mardi dernier : censure de la PNQ, coupure de micro, mauvaise interprétation des standings orders, expulsion des membres de l’opposition… Doit-on parler du tandem protecteur Lesjongard-Gobin qui, de la fin de la séance de mardi dernier à la conférence de presse de samedi, crie au complot machiavélique contre le Premier ministre ?

Ne manquait alors qu’un soutien populaire, que les fidèles partisans oranges, invités au Sun Trust ce samedi, sont venus apporter au travers d’un Comité central élargi à leur leader bien-aimé.

En attendant le prochain round du rapport de force Singh-Jugnauth, tous les paris sont ouverts pour un autre tour de poker menteur. Car si l’ancien CEO de Mauritius Telecom affirmait qu’il avait démissionné pour cause de haute trahison, le Premier ministre confirme cette semaine que Sherry Singh avait fini par donner son autorisation permettant aux techniciens indiens d’effectuer un survey. Énigmatique, le Premier ministre laisse entendre que «ena bann rezon kifer linn demisione» (…) «C’est pas cette raison-là» (…) «Gagn enn ti patians». Jusqu’où les deux hommes iront-ils trop loin pour qu’enfin les citoyens voient plus clair… dans leur jeu ?