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L’arme communale MTC/Giraud affûtée en fonction de 2024 ?

14 mai 2022, 09:26

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Il coule de source que toutes les tentatives du pouvoir politique de déloger les dinosaures du Mauritius Turf Club (MTC) ont pour objectif principal l’appropriation de tout le business, portant sur des milliards, des courses hippiques.

Il faudrait néanmoins ne pas perdre de vue, outre la moisson de paissa, l’immense potentiel de spin communal que représente la victoire totale du pouvoir comme symbolisée par le départ de Jean-Michel Giraud, le boss du MTC, qui tint tête aux décideurs politiques avant d’être désarçonné. On retiendra le fait que les gens du pouvoir ont systématiquement mis en exergue le penchant partisan allégué pro-MMM de Giraud, l’accusant même d’être un bailleur de fonds des Mauves.

Il faudrait donc s’attendre à ce que ce nom Giraud soit brandi comme un cri de ralliement aux prochaines élections générales prévues pour au plus tard 2024. On dira alors que le chef qu’on appelle affectueusement «piti-la» a réussi à abattre un géant du camp adverse, un symbole de toute une puissance accumulée pendant plus de 200 ans. Ce serait une réédition de 1983 quand la guerre contre l’industrie sucrière devint une plateforme de ralliement avec Paul Bérenger comme principal adversaire.

On accusa alors le leader du MMM d’avoir octroyé un «cadeau» de Rs 57 millions à ses «cousins, cousines» de l’industrie sucrière. Au fait, comme ministre des Finances après le 60-0 de juin 1982, Paul Bérenger avait légèrement allégé la taxe sur la sortie frappant l’industrie sucrière et cela afin d’aider à redresser l’économie en faillite. C’était une mesure nécessaire et une fois le MMM battu et le MSM fermement au pouvoir avec ses alliés PTr et PMSD, d’autres mesures venant à l’aide de l’industrie sucrière furent prises.

Dans le contexte de 1983, l’industrie sucrière, la principale source de revenu pour le pays, faisait aussi vivre des milliers de laboureurs et d’artisans et au moins 40 000 familles des petits planteurs sans compter l’effet multiplicateur de ce secteur sur le reste de la société rurale. Il fallait sauver cette industrie.

Néanmoins, Paul Bérenger, les Rs 57 millions et l’industrie sucrière constituèrent un joli «mix» qui alimenta la campagne communale du MSM. L’essentiel, c’était de remporter la victoire aux élections. Trente-neuf ans après les Rs 57 millions de 1983, une nouvelle recette est toute trouvée avec l’équation Giraud-MTC-MMM. Les Rs 57 millions de 1983 représentaient une somme énorme dans l’imagination populaire. En mai 1983, d’après la rubrique «mercuriale des légumes» publiée par l’express, un demi-kilo de bringelle se vendait à Rs 2. Le chouchou à une roupie 25 sous le demi-kilo. En 2022, le député travailliste Michael Sik Yuen exhibe au Parlement trois chouchous l’équivalant, semble-t-il, d’un demi-kilo et coûtant Rs 129. On peut imaginer la valeur colossale de ce que représentait une somme de Rs 57 millions en 1983.

Donc voilà une arme communale foudroyante déjà placée dans l’arsenal de guerre du MSM pour 2024. Pourquoi pas 2023 ? Il est fort probable que l’échéance soit avancée si la présente pagaille dans les rangs de l’opposition perdure. Quand on se sent fort, on opte pour des élections anticipées et on n’attend pas l’ultime limite. Car si un grave accident politique genre Affaire Amsterdam se produit au détriment du parti au pouvoir au dernier moment, il ne serait pas toujours possible d’opérer le mécanisme de damage-control.

Bien que le MMM ne représente plus un danger électoral réel pour le MSM, Paul Bérenger n’a pas pour autant perdu de son utilité comme symbole de danger à «nou-bann». Si dans le cadre d’une alliance PTr-MMM mal fagotée, le MSM parvient à présenter Navin Ramgoolam comme le vassal ou métayer de Bérenger, tant mieux pour le Sun Trust. Le seul scénario que craindrait le MSM, c’est une alliance de toute l’opposition avec Navin Ramgoolam comme le chef incontestable. Mais avec les cartes Roshi Bhadain et Nando Bodha comme d’efficaces empêcheurs de tourner en rond, d’une part, et Giraud et les méchants, de l’autre, le MSM vole vers une victoire certaine aux prochaines élections.