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Deux nouveaux alliés objectifs pour le MSM

2 avril 2022, 09:40

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La création d’un nouveau parti politique et la sortie de Nando Bodha contre les Travaillistes ne pourraient que réjouir les stratèges du MSM qui misent beaucoup sur la fragmentation des forces de l’Opposition afin de pouvoir remporter les élections de 2024 et éventuellement celles de 2029, ce qui pourrait bien maintenir Pravind Kumar Jugnauth au pouvoir jusqu’en l’an 2034.

Le nouveau parti s’appelle Linion Pep Morisien et regroupe les groupuscules 100% Citoyen de Dev Sunnasy, Linion Sitwayin Morisien de Bruneau Laurette, le MP de Jean-Claude Barbier et la force que represente l’avocat Rama Valayden. Toutes proportions gardées, la potentielle force de frappe de cette Linion n’est nullement comparable à un regroupement de General Motors, Volkswagen, Ford et Daimler voulant ravir la suprématie au MSM vu comme Toyota mais cela sert éminemment les intérêts stratégiques de la famille Jugnauth. Car l’électorat non-MSM se retrouve encore plus divisé, avec le MMM risquant encore de se faire grignoter dans sa base.

Le MSM n’a pas besoin de larges soutiens dans la grande masse de l’électorat qui ne lui est pas acquis. D’ailleurs, le patronage d’un grand groupe coûterait trop cher et les chatwas actuels n’aimeraient pas partager le gâteau. Le MSM ne rechercherait que l’acquisition de quelques centaines de votes pour faire la différence. C’est ce qui lui a été bénéfique en 2014 par le travail de sape entrepris par l’ecclésiastique Jocelyn Grégoire et les dissidents MMM menés par Ivan Collendavelloo. En 2019, le MSM a encore profité de l’effet Grégoire et de nouvelles défections dans les rangs du MMM.

Dans le nouveau contexte, Linion Lepep Morisien, même s’il ne dispose pas à l’heure actuelle du potentiel de sauver la «caution» de tous ses candidats, deviendrait néanmoins l’allié objectif du MSM en fragmentant davantage l’électorat de l’Opposition. Ce qui met le parti Orange en très belle posture dans notre système électoral de first-past-the-post.

Quant à l’autre allié objectif du MSM, c’est-à-dire Nando Bodha, quel que soit le scénario dans lequel il va évoluer – à moins qu’on think the unthinkable –, ce serait toujours du pain bénit pour le MSM. Bodha servirait tellement les intérêts du MSM que certains férus des théories du complot avancent même que son parachutage dans l’Opposition aurait été savamment orchestré par sir Anerood Jugnauth dans le but de rendre impossible tout arrangement éventuel entre le MMM et les Travaillistes, cela en donnant à Paul Bérenger une carte Vaish.

Un an après sa démission comme ministre, Nando Bodha a pris une première initiative stratégique qui plairait de façon immense au MSM. Bodha s’en est pris aux Travaillistes et à Navin Ramgoolam. Après une telle sortie, il érige quand même des obstacles dans le chemin d’une éventuelle entente électorale entre les Mauves et les Rouges. Puisque Bodha joue ses cartes prudemment, il serait fort invraisemblable qu’il aurait pris au dépourvu la direction du MMM avec ses sorties anti-travaillistes.

Après ce show Bodha, il paraît de moins en moins plausible qu’il y ait une alliance électorale entre le Labour et le MMM, ce qui augmente considérablement le premium politique et électoral de cet ancien fidèle de SAJ. Cela déboucherait-il sur l’élévation de Bodha au statut de candidat premier-ministériel à être proposé par le MMM? Il s’agit là d’un scenario qui enchanterait à la fois le MSM et le Parti travailliste. En effet, une telle proposition rendrait le MMM encore plus vulnérable dans les régions urbaines où lors des dernières élections, les Travaillistes et le MSM ont remporté davantage de sièges que le MMM. Toujours en 2019, pour la première fois de l’histoire du MMM, des candidats mauves perdaient leur caution dans des circonscriptions rurales.

Le seul scénario que craindrait le MSM serait un regroupement, sous la direction de Nando Bodha, devenu comme on le dit en Kreol un personnage ou mem mama, ou mem papa, de tous les chefs, notamment Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Xavier Duval, Roshi Badin, Rama Valayden, Bruneau Laurette, Jean-Claude Barbier et Dev Sunnasy. Avec comme «extra» le père Grégoire, qui, armé de sa guitare, reprendrait «La vie en rose»* d’Edith Piaf pour chanter à la gloire de cette armada électorale

* https://www.youtube.com/ watch?v=kFzViYkZAz4