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Guerre et fortunes diverses

10 mars 2022, 08:52

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La guerre en Ukraine est synonyme de fortunes diverses pour nous tous. Malgré toutes les propagandes autour de l’invasion de l’Ukraine, ce n’est pas sûr que Vladimir Poutine devienne, aux yeux de l’histoire commune, uniquement un paria ; il peut entraîner une refonte de l’ordre mondial et du système de pétrodollars.

Alors que les bombes s’intensifient en Ukraine, sans que l’Occident ne puisse les contrecarrer, en raison de la sérieuse menace nucléaire, et alors que l’on assiste à l’arrêt quasi-total des exportations russes, le prix du baril de Brent, lui, frôle les 140 dollars, ce qui est proche de son record absolu de 2008 ! D’autres prévisions y relatives sont encore plus alarmantes. La Bank of America, qui pense qu’il est impossible de prédire l’évolution de la guerre en Ukraine, estime : «If most of Russia’s oil exports were cut off, there could be a shortfall of 5 million barrels per day (bpd) or lar- ger than that, pushing prices as high as $200…»

L’isolement politique et économique de la Russie pourrait ainsi se retourner contre ceux qui pensaient fragiliser Poutine. Ces sanctions, aussi sévères soient-elles, étaient attendues par le Kremlin. Elles avaient du reste déjà commencé en mars 2014, après l’annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée. Mais elles n’ont manifestement pas eu l’effet escompté par Washington et Bruxelles. Et Moscou a eu le temps de développer sa contre-stratégie.

L’Occident ayant dévoilé ses cartes, Poutine a donc eu le temps de s’armer contre les sanctions économiques (qui, selon lui, ont pour objectif de bloquer le développement de son pays) tout en préparant une riposte qui aura des effets durables.

L’International Crisis Group, par la voix de son analyste Oleg Ignatov, abonde dans ce sens : «Les abondantes réserves en devises étrangères de Moscou (NdlR, quelque 640 milliards de dol- lars), la hausse du cours du pétrole (la Russie étant un important producteur de l’or noir) et son faible ratio dette/ PIB va aider la Russie à contrebalancer l’impact direct des sanctions même si à long terme elle sera confrontée à une stagnation économique.»

Actuellement, si les cours sont en chute libre sur la place boursière russe, le Kremlin ne s’en soucie guère : «Pour que cette période émo- tionnelle soit la plus passagère possible, toutes les mesures nécessaires ont été prises», martèle le porte-parole Dmitri Peskov.

Ce qui nous pousse à croire que le véritable impact de la guerre risque d’affecter le monde pendant longtemps.

Au milieu de la guerre et de l’exode de près de deux millions d’Ukrainiens, le président français, qui est avec Recep Tayyip Erdogan l’un des deux interlocuteurs de Poutine, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle pour un second mandat. Cette annonce a été faite, au dernier moment, par le biais d’une simple lettre publiée par la presse quotidienne régionale.

Selon son entourage, les responsabilités de Macron comme président en exercice du Conseil de l’Union européenne en ces temps de guerre l’empêchent de faire campagne comme les autres 11 candidats, dont Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Eric Zemmour (qui a eu le soutien de la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal).

La question se pose : pour sa réélection, Macron est-il avantagé par la guerre, qui lui donne une visibilité et une activité diplomatique que les autres candidats n’ont pas ? De même, l’électorat est obnubilé par la guerre et a oublié du coup les faux-pas du présent mandat, émaillé, entre autres, par la gestion de la crise sanitaire et les gilets jaunes. Macron lui-même le reconnaît : les «moments difficiles» que «nous aurons à vivre» dans cette guerre le «mobiliseront» avant tout «comme président» dans les semaines à venir. «Il ne sera candidat que lorsque son mandat de président de la République lui permettra de l’être…» L’aphorisme de Clausewitz nous rappelle que «War is nothing but the continuation of politics».