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Un "recount" n'élimine pas la fraude électorale !

27 janvier 2022, 14:54

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Au risque d'être à contre-courant et de déplaire à ceux qui montrent une excitation particulière sur le recomptage des voix de la circonscription numéro 19, faisons une mise en garde contre toute jubilation excessive, et surtout ne pas lire dans la décision de la Cour suprême plus qu'il n’en faut. 

Le recomptage ne s'attaque pas au fond du problème. Une fraude électorale alléguée, surtout lorsqu’elle est qualifiée de massive, est constituée de plusieurs éléments que seul un recomptage des votes ne cerne pas. En d'autres mots, si la victoire du 3e député de la circonscription numéro 19 est confirmée par le recount, est-ce que cela voudrait dire qu'il n'y a pas eu de fraude électorale dans cette circonscription ou lors des élections  générales de 2019 à Maurice ?  

Appel au réalisme 

Les anomalies constatées par la Cour Suprême portent sur des chiffres mal compilés. Le recomptage va déterminer si ces anomalies ont eu une influence sur les résultats du vote. Le recomptage des votes peut venir confirmer la victoire d’Ivan Collendavelloo, ce qui voudra dire que les anomalies des chiffres n’ont eu aucune incidence sur les résultats proclamés en 2019. Ainsi, la Cour suprême se serait prononcée sur ce point précis du rapport entre les chiffres mal compilés et les résultats. Il n’y a là aucun prononcé sur d'autres éléments qui, s'ils sont prouvés,  peuvent constituer une fraude.

Les diverses pétitions présentées dans le cadre des élections générales de 2019 montrent que ces anomalies des chiffres ne sont pas seules à constituer la fraude. 

Erreur de calcul ou calcul délibéré

Des chiffres mal compilés peuvent être le fait d'une erreur humaine, involontaire, alors qu'une fraude électorale massive, est tout à fait autre chose, comme nous l’a démontré l’expérience dans d'autres pays, où cette fraude s'organise tout comme une campagne électorale sauf, qu'elle se fait clandestinement, secrètement, se prépare bien à l’avance, par exemple, au moment de la mise à jour du registre des électeurs. La fraude nécessite des manœuvres, des calculs, des stratégies, une organisation. Elle compte parfois sur des pays étrangers, à l'intelligence de leurs experts, aidés en cela par des locaux, pour trouver les failles du système d'organisation des élections et de les exploiter de manière à peine perceptible par la masse. 

Critiques post-électorales 

À Maurice, la question de la mise à jour de la liste des électeurs, l'enlèvement des noms de citoyens mauriciens et l’inclusion d'étrangers ont été fortement évoqués dans le sillage des critiques post-électorales.  Des journaux en ont parlé abondamment : l'on notera que le recomptage des voix ne vient aucunement régler ce problème de fond.   

Aussi, les pétitions électorales devant la Cour suprême ces jours-ci liste une série d’éléments constitutifs de la fraude électorale. À la lecture de ces pétitions, il devient évident que les sources de  fraude alléguées sont multiples, et qu’elles ne peuvent se limiter aux chiffres compilés, pour lequel cas, un recompte a été ordonné par la Cour suprême. Et puisqu’il est nécessaire de régler les  problèmes de fond concernant la l'organisation des élections à  Maurice, saluons quand même ce recount comme un pas dans la bonne direction.

Conclusion 

Much ado about nothing n'est qu'une pièce parmi les œuvres de William Shakespeare, tout comme des chiffres mal comptabilisés lors des élections générales de 2019 ne sont qu'un volet dans la palette des éléments qui constituent la fraude électorale alléguée.

Espérons seulement que nous ne sommes pas au… théâtre !